Ségolène Royal et la mode des "collectivités couettes"

Publié le 29 mai 2009 par Exprimeo
Par petites touches, la leader socialiste a construit le contenu d'un réel nouveau discours comme le montre l'examen de son intervention de Rezé. En 2006, elle a annoncé la démocratie participative via le numérique. Ce fait est techniquement incontestable. Depuis plusieurs mois, elle met en place un nouveau discours adapté aux attentes de "collectivités couettes" qui assurent une protection douce, adaptée face à un environnement anxiogène. Cette construction conceptuelle peut lui assurer la convergence avec trois corps électoraux décisifs pour une présidentielle. Le corps électoral Français se compose en effet actuellement de 5 catégories : - " les hussards de la modernité " : leur mentalité est celle de la modernité, de la technologie, de la liberté individuelle. L'Etat est une contrainte. La communication est un outil efficace. C'est par l'économie que l'humanité avancera. La postmodernité sera un combat permanent. Ils sont prêts à l'affronter et se sentent une âme de gagnant. L'actuelle crise est une étape bientôt vite dépassée. - " Les matérialistes " : la modernité ne les attire pas mais ils ont le sentiment qu'ils parviendront quand même à " tirer leur épingle du jeu ". Ils acceptent l'évolution mais cherchent à en modérer certains impacts qu'ils jugent nocifs. L'actuelle crise est une alerte dont il faut tirer des conséquences concrètes. - " Les nostalgiques " : la modernité est supportable si elle s'accompagne d'un retour à certaines anciennes valeurs : ordre, respect de la famille, respect des Nations… L'actuelle crise est le rappel de l'importance de certaines valeurs. - " Les hors jeux sociaux " : ils refusent les nouvelles règles. Pour eux, la modernité c'est la décadence et la destruction de l'être humain. La modernité est menaces et peurs généralisées. Il n'est pas question d'harmonisation mais d'uniformisation contre nature et contre culture. L'économie les agresse parce qu'elle oublierait systématiquement l'homme. L'actuelle crise est la reconnaissance qu'ils avaient eu "raison trop tôt". - " Les héritiers des acquis " : ils pensent que les ajustements sont nécessairement douloureux donc il faut les différer, il faut demander des " sacrifices " à d'autres qui sont nécessairement mieux lotis qu'eux. C'est la mentalité des remparts. Toute remise en cause des acquis est injuste, injustifiée et nécessite une réaction de solidarité tribale. La crise montre qu'il faut défendre ce "filet de sécurité" qui fait le modèle Français. Le nouveau discours de Ségolène Royal est compatible avec trois des cinq groupes. La quantification de chaque groupe lui assure une base sociologique ample. A la différence de Bayrou qui s'oppose à un nom, elle s'oppose à une gouvernance. La leader socialiste semble avoir trouvé la base conceptuelle qu'elle recherchait. Une nouvelle étape peut désormais s'ouvrir sur des bases solides. Elle va lancer la mode des "collectivités couettes" qui protègent en douceur, de façon personnalisée, celles qui amortissent les coups.