Biodynamie et agriculture biologique: un sol vivant pour une vigne saine

Par Ochato

Pour faire un bon vin, il faut avoir (notamment) un beau raisin, une belle vigne, de beaux ceps. Et donc, un bon sol.

Produire du vin bio ( = produire du vin à partir de raisin bio) passe donc par une attention toute particulière portée au sol, sur la durée.

Le vigneron réalise donc en amont un travail de longue haleine, afin d’améliorer (naturellement) la fertilité du sol. Cela permettra bien sûr de nourrir la vigne, mais aussi de la protéger et de la rendre moins sensible aux maladies en entretenant l’activité biologique. Le viticulteur peut ainsi utiliser du fumier, du marc de raisin, des engrais sous forme d’algues ou d’oligo-éléments. Il peut aussi semer du seigle ou du trèfle, qui en se dégradant, constitueront un engrais vert.

Contrairement à la viticulture classique, où l’on a fréquemment recours aux désherbants, la viticulture biologique recommande l’enherbement des parcelles. Il favorise en effet le développement de la biodiversité : des prédateurs utiles, comme la coccinelle, mais aussi des vers de terre ou de petits mammifères, qui remuent la terre, la malaxent, l’aérent.

Au niveau micro-organique, les bactéries jouent un rôle important sur la richesse du sol en éléments nutritifs.

Les racines des plantes se développant vont également entrer en concurrence avec celles de la vigne, l’obligeant à aller chercher sa nourriture plus profond dans le sol. En outre, l’enherbement améliore la perméabilité du sol, et le rend plus stable, donc moins sensible aux érosions hydraulique et éolienne. L’enherbement doit cependant être réfléchi et contrôlé, la concurrence pouvant être au final néfaste à la vigne, et la présence d’un couvert végétal pouvant être catastrophique au moment des gelées tardives. (cf notre article sur l’enherbement).

Or, l’usage de produits chimiques vient détruire la faune et la flore et nuire à cette biodiversité. Avec l’usage de désherbants, le sol n’est plus labouré, et le passage répété d’engins agricoles lourds vient le tasser. Il devient compacte, s’imperméabilise, et finit par s’asphyxier. Les racines de la vigne ne descendent plus jusqu’au coeur du terroir pour se nourrir. L’été, elle manque d’eau, tandis que par temps humide, elle se noie. Résultat : le raisin perd en goût et en arômes, devient plus fragile, et à tendance à se gorger d’eau ; autant de défauts auxquels il faudra remédier artificiellement lors de la vinification.

Plus largement, comme tente d'en faire prendre conscience Claude Bourguignon, l'agriculture chimique représente une menace écologique, en portant grandement atteinte à la biodiversité.

Certes, les produits utilisés aujourd'hui en agriculture sont moins nocifs qu'il y a quelques décennies, et subissent des tests afin d'évaluer et de limiter leur impact sur la santé et l'environnement. Mais le risque zéro n'existe pas (le laboratoire Bayer avait par exemple dépenser plusieurs millions d'euros au développement d'un insecticide qui s'est finalement révélé toxique pour les abeilles).

La France consomme plus de 100 000 tonnes de pesticides par an, et prés de 100 produits et 80 matières actives sont commercialisés rien que pour la vigne.