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Sylvain Chauveau, quatrième

Publié le 28 mai 2009 par Irigoyen
Sylvain Chauveau, quatrième

Sylvain Chauveau, quatrième

Quels frissons, là encore, à l'écoute de cet album sorti en 2001 ! Je me demande d'ailleurs si le mot « album » convient bien à ce garçon qui nous convie plutôt à un voyage musical. Première étape: « Blanc », un blanc qui s'obscurcira quelques années plus tard – rappelons en effet les titres « Anthracite » et « Noir » figurant sur Des plumes dans la tête -. Un blanc qui peut aussi se comprendre comme un intermède que nous assimilerions à du vide. Il y en a ici des espaces qui sont tout sauf vides. Pour s'en convaincre, il faut éduquer son oreille, il faut la tendre pour découvrir. L'apparence est trompeuse. Oui, ces plages sont pleines, pleines de sons discrets, qui tendent vers le silence mais qui tendent seulement.

« Blanc » ouvre donc cet opus. Là encore, il faut faire attention. S'agit-il vraiment d'une ouverture ? Je ne le crois pas. L'auditeur a l'impression d'arriver alors que le voyage a déjà commencé. Que les musiciens jouent ensemble depuis un moment. Si certains morceaux n'ont pas, à mes yeux, de véritable début, ils n'ont pas non plus de véritable fin. Si cette démarche était transposée en littérature, on pourrait volontiers imaginer une phrase sans majuscule, sans forcément de ponctuation et avec des points de suspension, comme pour laisser la possibilité à celui qui écoute de finir lui-même l'histoire. Et si l'auditeur n'a rien envie d'y mettre alors il n'a qu'à se laisser bercer par ce qui suit.

Ce qui suit s'appelle « Enfer miraculeux », sorte d'oxymoron dont les deux termes contradictoires, loin de s'annuler, coexistent. En coexistant, ils permettent la création d'un point d'équilibre. Et c'est autour de cela que se construit la mélodie. D'où une plénitude qui saisit l'auditeur jamais bringueballé entre des sentiments extrêmes - ce qu'on retrouve d'ailleurs dans « Radiophonie N°1 », première volet d'un triptyque -. Plénitude qui atteint des sommets lorsqu'une trompette s'invite dans « Doucement, le grain de sa peau » et vient, mine de rien, vous toucher au plus profond de votre âme.

J'avoue être littéralement remué par deux morceaux qui se suivent: la deuxième radiophonie et « Adieu miséricorde » qui accompagnent le passage à une nouvelle teinte. Si nous avons entamé ce voyage sur « Blanc », nous voilà passés depuis quelques minutes à « Ocre » ce qui montre bien l'importance de la peinture aux yeux de ce conteur qu'est Sylvain Chauveau.

Au cours de ce voyage qui bientôt s'achève, on entend des bribes de phrases prononcées tantôt par des hommes, tantôt par des femmes. Comme toujours il faut être à l'écoute: les gens parlent moins qu'ils ne se taisent ici. Un peu plus tard c'est peut-être le bruit d'un train – on n'est jamais sûr de rien avec cet homme – qui s'invite en nous et s'installe dans les profondeurs de notre être comme le signifie « Monde intérieur ».

Dernier morceau: « Nocturne urbain ». L'opus avait débuté « blanc », il « s'achève » dans l'obscurité. Une fin toute relative. La balade va continuer, c'est sûr. Au terme de cette écoute, on a bien envie de prendre un autre billet et recommencer cette entrée dans le monde clair obscur de ce très fin et délicat Monsieur Chauveau.


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