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"Je suis chef de l'Etat, je dois être juste". Si la seconde partie de l'affirmation est loin d'être convaincante, la première partie en revanche ne fait plus aucun doute même pour ceux qui en doutaient encore (ou qui étaient hibernation depuis le 6 mai), tant Nicolas Sarkozy a passé son temps à le répéter face à Arlette Chabot et Patrick Poivre d'Arvor près d'une heure durant. Et en tant que président de la République, il a un avis sur tout… ou mieux, il a surtout un avis.
Ainsi, il promet que désormais "les allégements de charges, on ne les donnera pas quand il n'y aura pas de discussions salariales dans l'entreprise". La belle affaire, les discussions salariales c'est bien, mais aboutir à des accords c'est mieux… bref, les entreprises continueront à bénéficier d'allégements de charges sans la moindre contrepartie. Sans compter que comme le dit Nicolas Sarkozy lui-même, "la loi prévoit des négociations salariales", il reconnaît donc que l'État offre des réductions de charges à des entreprises qui ne respectent aujourd'hui pas la loi. Quand on sait que les allégements de charges coûtent annuellement 25 milliards d'euros (!!!), on comprend qu'il insiste, sur le mode méthode coué, sur le fait qu' "il faut que nous ayons une croissance entre 2,5 et 3% pour arriver au plein emploi. Je me suis engagé sur ces objectifs". Objectifs qui seront bien entendu atteints puisque "la seule façon d'aller chercher cette croissance, c'est de faire ce qu'est en train de faire le gouvernement de M. Fillon, c'est-à-dire de faire les réformes que les autres ont fait avant nous pour libérer les énergies du pays et avoir le plein emploi". Et de donner la preuve ultime que le Premier ministre travail bien : "François et moi, chacun a son tempérament. On travaille main dans la main, nous sommes parfaitement interchangeables, c'est une équipe"…chiche monsieur le président, laissez votre place (trône) à François Fillon quelques jours qu'on rigole et qu'il prenne un malin plaisir à vous traiter de simple "collaborateur" !!!
Enfin, le président de la République, qui compte bien "ne stigmatiser personne", entend aligner la durée de cotisation des salariés soumis aux régimes spéciaux de retraite "sur le régime général de la fonction publique", tout en leur conservent leur "statut particulier"… bref tous les régimes de retraites seront identiques mais différents. Face à un tel défi, on veut bien le croire, quand il affirme, toujours aussi modeste, que "si c'était facile, les autres gouvernements l'auraient fait". Et qu'on ne lui parle de "politique d'austérité", à laquelle il ne croit pas, même si quelqu'un de moins talentueux que lui y serait sans doute réduit à cause de "cette drôle d'idée" qu'on eu ses prédécesseurs "d'avoir condamné la France à tourner le dos au travail".
Dans sa grande mansuétude, lui sait ce que c'est d'être injustement attaqué, puisque comme il le dit lui-même au sujet de l'affaire Clearstream, "mon nom a été sali, on m'a fait un faux compte, avec de faux virements, dans une banque dont j'ignorais tout, j'ai eu une commission rogatoire pendant 15 mois sur le dos, il a fallu que je démontre à la justice que je n'avais pas de compte. Je demande à chaque Français de penser à ça", prend la défense de Ségolène Royal, "une femme courageuse et très estimable. Peut-être avez-vous noté que pendant les mois de campagne, je ne l'ai jamais attaquée parce que ce n'est pas ma conception des rapports humains. Et je trouve que parfois les attaques contre elles sont un peu déplacées"… Dominique de Villepin et Lionel Jospin doivent avoir conjointement les oreilles qui sifflent.