Une campagne nulle

Publié le 28 mai 2009 par Patjol
Je suis très déçu par la campagne des européennes. D'habitude on parle un peu de l'Europe pendant quelques semaines, une fois tous les 5 ans et c'est très insuffisant. Cette fois-ci, alors que l'Europe est à un tournant de son histoire, on ne parle pas d'Europe. L'Europe a fait le choix de s'élargir à l'Est et donc de retarder son évolution vers plus de coopération, voire d'intégration. Institutionnellement elle a besoin d'une réforme pour fonctionner à 27, et les traités destinés à réformer ces institutions peinent à être ratifiés. Alors, on préfère ne pas parler de l'Europe. Les 3 grands partis (PS, UMP et Modem) ont pratiquement décidé de ne pas faire campagne.
Le PS est trop occupé par ses divisions pour s'investir dans cette campagne. Le fait que la présence simultanée de Royal et Aubry au même meeting soit présenté comme un événement est symptomatique de ce phénomène. Ce parti a commencé par faire campagne en appelant au vote sanction, parce qu'il s'imaginait que le rejet de la droite et plus particulièrement de Sarkozy pouvait fédérer la gauche. Ils oubliaient qu'on ne gagne jamais une élection sur un constat du passé ou un bilan, mais toujours sur un projet. Le PS est le seul des 3 grands partis à avoir un véritable programme européen. Mais le problème est que ce manifesto reflète la gauche européenne, sociale-démocrate, beaucoup moins à gauche que le PS.
Le Modem et Bayrou ont définitivement quitté la famille chrétienne-démocrate, famille politique qui a fondé l'Europe. Fini l'euro-enthousiasme bayrouiste d'autrefois. Il ouvre sa campagne européenne en publiant un livre consacré uniquement à la présidence de la République ! Je gage qu'aux prochaines européennes le Modem aura rejoint le PSE, parti socialiste européen, parce qu'il correspond à la famille sociale-démocrate, et qu'en fait le Modem est social-démocrate, même s'il ne l'assume pas, ou pas encore.
L'UMP a aussi décidé de ne pas faire campagne, ou d'assurer le service minimum. L'UMP et l'Elysée ont un rôle déterminant dans le processus de ratification du traité de Lisbonne, et tant que ce processus n'a pas abouti l'UMP a tout intérêt à ne pas communiquer sur le sujet. Le risque serait de rouvrir le débat qu'on a connu sur le traité constitutionnel, débat qui a été évité en faisant ratifier le traité de Lisbonne par voie référendaire.
Quelques partis font vraiment campagne. La médaille d'or de la meilleure campagne va certainement à Daniel Cohn-Bendit, le plus allemand des Français et le plus français des Allemands. Lui fait vraiment campagne, et il va faire passer les verts de moins de 2 % lors de la dernière présidentielle à pratiquement 10 % cette fois-ci. Mais ce score sera un leurre, il récompensera plus Cohn-Bendit que les verts et son alliance avec José Bové est très artificielle, elle ne tiendrait jamais pour un scrutin national.
Le front de gauche s'en sort bien. La force militante du PCF joue à plein, on voit des affiches partout et on reçoit des tracts dans les gares. L'alliance PCF-Mélenchon n'est pas artificielle du tout. Au contraire, Mélenchon a décidé de quitter le PS pour se rapprocher du PC.
Les droites souverainistes, elles, font leur speech habituel. Heureusement, ça ne convainc plus autant qu'avant.