Un endroit convivial jusqu'à lundi dernier, veille de la fête des voisins, jour où les camions, les grues, les échafaudages et les jardiniers de la Ville ont débarqué pour construire en un temps record un mur végétal. Personne n'en avait entendu parler, aucune information n'avait été faite, mais le mur se construisait et le chantier était inaccessible. La fête des voisins se ferait ailleurs, pas seulement à cause de la pluie, mais surtout à cause du " machin " qui s'érigeait inexorablement.
Les gens du quartier n'apprécièrent pas particulièrement cette invasion de leur espace quotidien et ne se privèrent pas de le dire et de le faire savoir. C'est ainsi qu'une lettre de protestation accompagnée d'une bonne soixantaine de signatures est partie hier soir, donc moins de 48 heures après le début des travaux, à destination de Jean-Christophe Bourquin, municipal responsable de Parcs et promenades.
Lorsque les jardiniers eurent fini de planter les pixels végétaux de cette espèce d'écran géant végétal, les raisons de sa présence s'éclaircirent : " NATURE EN KIT mudac ". Un concept en lien avec l' exposition du même nom et avec Lausanne jardins 2009 et qui a pour but d'interroger l'homme sur sa relation avec la nature et, notamment, à souligner ce " dialogue qui [...] oscille alors entre le naturel et l'artificiel ". Dans le cas présent, le moins que l'on puisse dire est que le but est atteint !
Pour mettre un peu de " nature " verticale en place, pour occuper sans avertissement un lieu convivial, pour masquer en partie la vue sur la Cathédrale, pour se faire remarquer et promouvoir une exposition sur la nature, le mudac n'aura pas fait dans la dentelle. Le dialogue n'oscille plus : il est artificiel. C'est un choix.
Mais un choix pas très subtil à mon sens.
Un jugement confirmé par deux déclarations d'acteurs du quartier : " C'est une connerie qui cache bien la Cathédrale " déclare Eric Teisseire, ancien conservateur cantonal des monuments historiques, et " il y a assez de murs dans ce monde " affirme Muriel Testuz, patronne du P'tit bar.
Par égard pour le mudac et la culture en général, je tairai les autres critiques et terminerai sur une interrogation : quand on construit une structure en acier qui repose sur des fondations en béton, il ne faut pas, par hasard, une mise à l'enquête préalable ?