Le dernier "TNS Sofres" est un sommet en termes de d'incompréhension.
Une chose est certaine, par contre, si vous vous contentez de lire les pourcentages affectés aux listes candidates, le constat est le suivant : L'UMP caracole en tête, le PS piétine et les autres font de la figuration. Le titre en vogue ce matin dans les media c'est : "Européennes - Le PS sous les 20%"
Et pourtant dans le détail, l'étude ne se limite pas à ce simple score et n'indique rien de définitif
- Sur la totalité de l'échatillon intérrogé : 20% des personnes interrogées n'ont pas exprimé d'intention de vote
- 59% se disent sûres de leur choix, 37% reconnaissent qu'elles pourraient varier
Mais si l'UMP est en tête, quel est l'attitude des électeurs à son égard
- 27% souhaitent que le 7 juin, les électeurs manifestent leur soutien au gouvernement, une forte majorité - 57% - souhaite la manifestation d'un mécontentement
- Ceux qui tiendront compte d'abord des problèmes français sont plus nombreux (52%) que ceux qui privilégieront les questions de la construction européenne (44%).
Information importante : Ceux qui prétendaient que le PS devait cesser de faire une campagne anti sarkoziste avaient tord puisque plus de la moitié des personnes interrogées considèrent que le scrutin européen doit être l'occasion de sanctionner la politique menée par le gouvernement.
Quant au fait que 52% des personnes interrogées privilégient les problèmes français plutôt que la construction europénne, il ne faut pas être grand clair pour comprendre que les traités rejetés qu'on impose et les adhésions futures, alors que les récentes ne sont pas encore "digérées", rendent dubitatifs ces mêmes français.
On pourrait ajouter :
- Que chaque pays de la zone Euro (à commencer par le notre) s'est exonéré des obligations de Maastrich,
- Que les plans de relance n'ont donné lieu à aucune coordination européenne,
- Que les professions agricoles continuent d'avoir raison contre les décisions européennes (Merci Monsieur Barnier) mais que les salariés chômeurs augmentent dans toute l'Union sans réaction concertée
- Que les frontières commerciales de l'Union restent une passoire en interne comme en externe
- Que la Commission, la BCE et une grande partie du parlement européens continuent à n'avoir pour obsession que la concurrence et l'inflation
Et enfin le faible engouement des candidats de "premier plan" pour aller siéger à Strasbourg ou Bruxelles (pour causes de travaux) donnent à comprendre aux français que seuls leurs propres pouvoirs publics sont à même de résoudre tout ou partie de leurs problèmes.
Nous avons pour preuve la réaction des personnes interrogées par TNS
- Quant au rôle de l'UE face à la crise, 39% des personnes interrogées disent qu'elle "protège" plutôt, 27% estimant qu'elle "aggrave plutôt" les effets de la crise (29% croient qu'elle n'a pas d'impact, 5% sont sans opinion).
De même, lorsqu'on demande aux personnes interrogées si ces élections vont avoir un impact sur l'Europe et sur la France
- Sur la situation en Europe, pensent 70% des personnes interrogées. 28% estiment le contraire et 2% sont sans opinion
Mais
- Seules 54% croient qu'elles influeront sur la situation en France (44% ne le pensent pas, 2% sans opinion).
Vous conviendrez que lorsque vous lisez ci-dessous les estimations de vote, sans le détail des précédent, ainsi que l'empressement des rédactions à nous annoncer une victoire de la majorité présidentielle et une descente aux enfers du PS, la situation est beaucoup moins évidente.
L'UMP-Nouveau Centre : 26%
PS : 20%, à 19%
Le MoDem : 14%
Europe Ecologie : 11%
Le Front de gauche (PCF-PG) : 7%
NPA : 6%
Front national : 6%
Libertas : 4%,
LO : 2%,
Alliance écologiste indépendante : 1,5%,
Debout la République : 0,5%
"Autres listes" : 3%.
Le premier enseignement de cette étude et de cette campagne : C'est que le vote a lieu sur un seul tour et que la majorité présidentielle fait son plein de voix (sans la moindre réserve dans le cas ou un deuxième tour aurait eu lieu. A méditer !).
A vrai dire, on est très loin des 53% de la présidentielle et du succès des législatives. Si le PS par ses gesticulations et ses problèmes de pouvoir interne a perdu quelques %, on les retrouve au Front de Gauche ou au NPA (Ni le PCF seul, ni la LCR n'auraient été capables de tels scores)
Par ailleurs, tout le monde en France sait pertinemment que de l'Elysée en passant par la rue de Solférino ou le siège du MODEM, on attend ou un plébiscite ou un rejet sur des thèmes EXCLUSIVEMENT nationaux.
Le deuxième enseignement : L'attitude des Chefs d'Etat et de gouvernements face à la crise a montré la limite de la construction européenne actuelle. Enfin le mode de scrutin régional est déconsidéré dans la mesure ou les parachutages ont été aussi importants que lors du débarquement des troupes alliées en Normandie et que quelle que soit la région des élus, ils siègeront finalement dans des groupes politiques pré établis au parlement européen.
Embouteillage de lobbyistes au Parlement européen
On sait que la majorité des élus continuera à cumuler le mandat européen avec un mandat local ou territorial et se conteront d'un passage rapide au parlement pour justifier leurs indemnité et leurs frais. On sait surtout que devant le peu d'enthousiasme et d'activisme de ces élus, l'Union sera une fois de plus gérée et pilotée par des hauts fonctionnaires qui vivent confortablement dans une sphère qui les éloigne à tout jamais de la vie quotidienne des habitants de l'Europe.
Le seul sondage qui pourrait avoir un peu de valeur serait celui qui montre le nombre potentiel d'élus du PSE et ceux du Groupe du Parti populaire européen. Car de ce résultat va dépendre le maintien (quasi assuré) de José Manuel Barosso, l'actuel Président de la commission et l'orientation de la politique de l'Union.
Il serait intéressant également de connaître le score européen du Groupe Alliance des démocrates et des libéraux pour l'Europe dans lequel siègeront les élus du MODEM, qui sont très éloignés de l'actuelle posture "socio révolutionnaire" de François Bayrou. Car ne l'oublions jamais, les clivages français de cette élection sont immédiatement solvables dès l'entrée au parlement !
La triste conclusion, c'est qu'on aurait voulu nous "embourber" qu'on ne s'y serait pas pris autrement. Nous avons vraiment la sensation que pour les partis et les candidats, cette élection est une simple péripétie et qu'on ne que vise les régionales franco françaises de 2010. Tout ceci prouvant bien que le sentiment européen est une farce ...
Et pourtant, le scrutin européen terminé, les eurodéputés vont continuer à travailler main dans la main avec les troupes des lobbies (quand ils ne leur commandent pas tout simplement des rapports - Voir Prix du Pire Lobbying de l’UE ), la Commission va continuer à libéraliser tout ce qui peut l'être, on va élargir encore l'Union (Chic ! le patronat européen va trouver de nouvelles zones de délocalisations) et que les directives vont continuer à modifier quotidiennement notre droit sans qu'aucun de nos élus nationaux ne puisse s'y opposer.
Notre Président n'étant plus à la tête de l'Union européenne va continuer à faire cavalier seul tout en nous expliquant que l'axe franco allemand est incontournable, tandis que les allemands continueront à s'occuper de leurs propres intérêts, la Grande Bretagne va continuer à bénéficier de ses exemptions et jouera quoi qu'il arrive la carte des USA, tout comme les anciens pays de l'est. Les paradis fiscaux devenus "coopératifs" continueront à exister et la désindustrialisation de la zone Europe ne fera que s'accélerer.
Car, ces chefs d'Etat et de gouvernement ainsi que les acteurs (élus ou non) de l'Union européenne, continueront à nous expliquer, que la survie de l'Europe dépend de notre capacité d'adaptation à de nouvelles normes sociales et financières.
En gros, si l'ensemble des élus et intérêts économiques continueront à percevoir des indemnités et des bénéfices en constante hausse, les salariés vont devoir accepter de s'aligner sur la concurrence d'autres salariés moins bien lotis qu'eux.
Et oui, "coco" c'est ça l'avenir, faut être moderne !!!
Franchement ça vous donne envie ?
Source de l'étude
AFP/Google
Crédit photo
Parlement européen - Embouteillage de lobbyistes au Parlement européen
Titre de l'article : "Clin d'oeil" amical à notre ami blogueur RVA
Libellés : construction européenne, elections, europe, france, politique