Trois questions à Michel Chapuis, organiste mondialement reconnu et grand spécialiste des orgues, de leur histoire, de la musique.
La collégiale de Dole va fêter ses 500 ans et les restaurations se terminent, qu'en est-il de l'orgue ?
C'est sur cet instrument que j'ai commencé... Il a été construit entre 1750 et 1754, par K J Riepp, puis les anches ont été installées par François Callinet. Cet instrument classique à l'origine, a évolué vers 1830 avec les ajouts de Joseph et Xavier Stiehr qui ont installé pédale, claviers d'écho et de récit, en respectant l'esthétique d'origine. C'est à cette époque que les grandes draperies ont été installées, dans un soucis acoustique et pour cacher une partie du mécanisme.
Cet orgue doit il être restauré ?
La restauration d'un tel instrument est une chose très délicate, qui doit être soigneusement menée. On ne doit rien faire dans la précipitation. Dans l'empressement on peut faire des erreurs qui pourraient totalement changer l'esthétique musicale de l'instrument. C'est un travail délicat et puis qui pourrait faire ce travail ? Il faudrait commencer par consulter 4 ou 5 spécialistes de l'histoire de l'art et non simplement les organistes. Et puis il faudra tenir compte de l'acoustique du bâtiment qui, l'accrochage des tapisseries et les changements comme pour le chauffage, a évolué.
Va-t-on retrouver l'orgue et l'accoustique que nous avions avant les travaux ?
Je l'espère, mais rien n'est certains. Il y a une vingtaine d'années j'avais fait faire une analyse très complète, avec plus de 10 mesures pour chacun des 2500 tuyaux. Elle est toujours d'actualité. Au delà d'une restauration, il faudrait profiter de la dépose de l'orgue pour procéder à des petits travaux que je qualifierais « d'entretient ». Mais les dates impératives d'ouverture, précipitent les choses.