C'est de Manset, cette formule. Le titre d'une chanson. M'est revenu en tête en lisant un billet publié sur le blog de Louis-Paul. Rebond d'absence, avec présentation d'une bande dessinée qui a l'air très impressionnante : Là où vont nos pères.
La quatrième de couverture dit ceci : " Pourquoi tant d'hommes et de femmes sont-ils conduits à tout laisser derrière eux pour partir seuls, vers un pays mystérieux, un endroit sans famille ni amis, où tout est inconnu et l'avenir incertain ? Cette bande dessinée silencieuse est l'histoire de tous les immigrés, tous les réfugiés, tous les exilés, et un hommage à ceux qui ont fait le voyage..."
Juste avant l'exil...
On pose un dernier regard sur sa ville, / Les colliers de fleurs que les hommes enfilent / Et plus loin, sur le bord du quai, Le secret que personne ne sait, C'est qu'on est né ici Et qu'on sait ce qu'on va laisser, Alors on reste assis Juste avant l'exil.
Ça semblait facile De tout quitter. On était le loup sans son collier, L'arbre sans son espalier Mais quand le sable a quitté le sablier, Que le marbre et la pierre se sont brisés, Que le chêne a fini quand même par retomber, On se retrouve comme on est né A nouveau dans un monde damnés, A nouveau dans un monde damnés, Sans rien ni personne pour nous aider.
(...) Et là-bas, sur le bord du quai, Comme la flamme d'un briquet, Dans une main qui tremble,
Ce visage, on le connaît : Il nous ressemble. Juste avant l'exil, Que cherche-t-il vers l'horizon ? Le dessein dans la forme d'une maison Ou peut-être la guérison.
Tant pis que l'exil...
Cette fois, c'est de Gabriel Yacoub.
La chanson dit notamment ceci : fatigué de dessiner mes rêves dans le sable du bout de mes doigts / fatigué d'attendre une pluie qui ne viendra pas / autant dire d'entrée que je n'ai pas voulu / je n'ai pas demandé à être là / les pieds dans des souliers qui n'ont pas été faits pour moi tout comme leur humour et leurs filles à marier
Un jour je suis parti sans trop savoir pourquoi / j'ai fait comme tous ceux de chez moi qui sont allé chercher ailleurs ce qu'ils ne trouvaient plus là-bas / j'ai défait mes amours, j'ai défait mes amis / j'ai tout laissé derrière et c'est tant pis / tout ce que je n'ai jamais su y faire avec ma vie
et tous ces souvenirs qui ne sont plus les miens / tant pis que l'exil c'est moi qui l'ai choisi / tant pis que l'exil étranger où que j'aille /
j'ai suivi mon chemin de papier longues files d'attente et de portes fermées d'abord j'ai été humble et puis je n'ai plus rien été j'ai travaillé et j'ai fait de mon mieux gratté la terre jusqu'au milieu et puis j'ai attendu le corps cassé en deux j'ai appris à me taire appris à résister etouffé par les fumées mauvaises d'un feu qu'on a éteint depuis bien longtemps une vieille tempête qui ne change rien au temps
je ne reçois plus les lettres du pays qui me parlaient toujours des cheveux gris et des vents d'ouest qui un jour m'emporteraient là-bas où tout ressemble encore à ce que j'ai aimé.