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Amendement Lefebvre : provocation ou anticipation ?

Publié le 28 mai 2009 par Hmoreigne

 Frédéric Lefebvre a le physique de l’emploi. Celui d’un porte-flingue tout droit sorti d’un film de Quentin Tarantino. A défaut de carrière cinématographique Nicolas Sarkozy  a fait de cet ancien lobbyste un député et un porte-parole de l’UMP. L’homme a la sulfateuse verbale agile. Il sait aussi, sur demande de l’Elysée, agiter le chiffon rouge sur certains sujets de société afin de tester les réactions de l’opinion publique. Sa sortie volontairement provocante sur le travail à domicile des salariés en arrêt maladie n’a rien d’innocent. Elle constitue pour François Hollande une anticipation.

Vraie-fausse cacophonie dans la majorité. Lundi soir Frédéric Lefebvre en marge de la discussion sur la proposition de loi UMP concernant le prêt de main d’oeuvre en entreprise dépose un amendement destiné à permettre aux salariés de pouvoir travailler à domicile lorsqu’ils sont en congé maladie ou maternité. Non sans provocation, le député des Hauts-de-Seine entend ”créer un nouveau droit pour les salariés” …

Les réactions ne se font pas attendre. Tollé à gauche et du côté des syndicats mais sentiment mitigé dans la majorité. L’amendement  polémique repoussé en commission des affaires sociales doit être examiné mercredi dans l’hémicycle. Mardi matin sur RTL, Frédéric Lefebvre persiste. Dans l’après-midi, il est désavoué par le gouvernement par la voix de Nathalie Kosciusko-Morizet. Mercredi, l’amendement est retiré. Le député des Hauts-de-Seine estime que son amendement a “été pris en otage sur le plan politique“.

L’idée n’est pas abandonnée pour autant. “Quand on fait de la politique, c’est pour faire des propositions, quand on a des convictions il faut essayer d’aller au bout“, a prévenu Frédéric Lefebvre. Sur France Info, Xavier Bertrand, secrétaire général de l’UMP, a clairement laissé la porte ouverte : “C’est une idée qui correspond à un problème précis (…) c’est juste une faculté, juste une possibilité. Si cela apporte un avantage pour le salarié qui le souhaite…”. Si Jean-François Copé, prudent, a déclaré ne pas avoir d’avis sur le sujet, la question n’ayant pas été débattue en groupe, Xavier Darcos qui lorgne un nouveau portefeuille a jugé que “c’est une proposition qui mérite l’examen“. “Je ne vois aucune raison à ce que quelqu’un qui s’est cassé la jambe ne puisse pas travailler, sur la base du volontariat“. “Ca ne me choque pas”.

Dès mardi soir sur son blog François Hollande dénonçait les grosses ficelles de l’opération estimant que Frédéric Lefebvre est un provocateur mais, qu’il a au moins le mérite de la clarté. “Il dit tout haut ce que Xavier Bertrand pense, retranché dans des lieux obscurs”. Selon l’ancien Premier secrétaire du PS, cette “provocation n’est pas une maladresse, un impair ou une farce, c’est une anticipation” et “nul ne pourra dire qu’il n’a pas été prévenu“.

De nombreux élus socialistes à l’image du Président du Conseil Général de Corrèze dénoncent une volonté de déréglementation du droit du travail. Jean Mallot député socialiste de l’Allier a accusé l’UMP de vouloir détruire “les frontières du salariat” pour transformer chaque salarié en “un travailleur sans droit, n’ayant qu’un devoir: celui de faire ce qu’on lui demande de faire, c’est à dire un esclave moderne“.

Dans la même veine son collègue des Landes, Alain Vidalies également secrétaire national au travail et à l’emploi du Parti socialiste s’est fait procureur : “Bien entendu, c’est toujours à l’abri du volontariat du salarié que vous avancez ces régressions majeures. Les salariés doivent être volontaires pour travailler le dimanche, volontaires pour le prêt de main-d’œuvre et maintenant volontaires pour continuer à travailler même s’ils sont malades”. “Cette démarche est la négation même du lien de subordination qui est la raison même de l’existence du code du travail”.


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