Je n’avais pas relayé cette info car elle me paraissait quelque peu puérile .
Doit-on considérer cette information comme le frémissement d’un retournement du marché ?
D’une part il importe de distinguer trois éléments complémentaires et qui, trop souvent, font l’objet de confusion ou d’analyse partielle.
- Les prix. Le chiffre d’avril communiqué par la FNAIM porte sur cet élément. Il indique seulement que sur la (faible) quantité de transaction les ventes se sont conclues, dans l’ ensemble, sans de fortes négociations. Il est indispensable de compléter cette information par le chiffre de la variation annuelle (-5.7%).
- Le volume. Ici est le véritable sujet d’inquiétude car le nombre de transactions est en baisse constante sur le marché de l’ancien. Pour mémoire, le recul sur l’exercice 2008 est annoncé a -20% à la FNAIM et a - 17 % (de 802 000 à 669 000 ventes) dans l’ancien par les notaires.
- Le montant moyen de transaction. Sur ce point, le manque de transparence est total. Seuls les actes notariés (et les perceptions des droits d’enregistrement) permettrons d’apprécier ce paramètre non négligeable. Nous avons cependant une indication par le montant moyen des prêts qui, en 2008, s’élève à 150 212 euros contre 153 000 euros en 2007…gageons que la baisse des taux favorise une légère progression du montant emprunté en 2009 (peu significative).
Aborder l’un de ces paramètres en négligeant les deux autres (c’est le cas de la FNAIM) est dangereux.
Je m’en explique.
- Apprécier la hausse du prix au m2 sans tenir compte du montant moyen de transaction permet de considérer qu’un studio (placement de père de famille en période de crise) aurait une valeur au m2 comparable à un T5 de 160m2. Tout professionnel sait qu’un petit logement subi une surévaluation en raison de la « modestie relative » des sommes en jeu.
- Apprécier la hausse du prix sans tenir compte du volume des transactions consiste à masquer l’étroitesse de la demande solvable qui se dirige tout naturellement sur les meilleurs produits du marché (ceux qui ne font l’objet d’aucun défaut sont généralement peu négociables).
Ainsi, sur l’ancien, ce qui apparaît aujourd’hui c’est la modification générale du marché avec une structure « en sablier » que connaît tout marché en période récessive.
Par comparaison, si nous prenons le marché automobile nous pouvons observer qu’il est actif sur le segment bas (grâce aux aides de l’état et aux efforts des constructeurs) et sur les segments confidentiels du très hauts de gamme où l’acquéreur reste présent ; les modèles intermédiaires sont à l’agonie.
Nous assistons à une segmentation comparable dans le logement ancien. Une clientèle solvable à la recherche du « petit placement» complété d’une clientèle de primo accédant séduite par les aides de l’état (Pass Foncier, PSLA, double taux zéro…) en base et une clientèle confidentielle haut de gamme à l’affût d’une « belle opportunité » c'est-à-dire d’un produit idéal dans ses constituants et son emplacement. Au milieu le marché reste étouffé avec très peu de transactions.
Dans le neuf la situation est proche avec un marché social soutenu et une loi Scellier qui favorise dans un premier temps le placement sur des petits logements (T1 et T2) en collectifs aux dépens de l’accession familiale pour les couches sociales intermédiaires. La différence proviendra de la relative flexion des stocks qui attenue les risque de variations des prix à la baisse pour les mois à venir.
Le discours de la FNAIM est contre productif. Plus l'ajustement sera tardif, plus il retarde la reprise. Il vaut mieux (faire) céder 10 à 15 % du prix (comme aux USA) et voir les volumes de ventes évoluer favorablement que d’attendre une plus forte baisse des taux ou une très hypothétique croissance du pouvoir d’achat. Encore faudrait-il que les agents immobiliers (adhérents à la FNAIM notamment mais les autres aussi) arrêtent de raconter n'importe quoi dans la presse pour collectionner les mandats de vente.