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Y a pire que les Français et oui ça existe....

Publié le 27 mai 2009 par Anakyne

Un pays de malades en bonne santé

Les Suédois sont les champions de l'arrêt maladie, alors qu'ils sont parmi les peuples les mieux portants d'Europe. Une étude a tenté d'en analyser les causes.

04.05.2009 | Ann Heberlein |

En Europe, ce sont les Suédois qui tombent malades le plus souvent, si tant est que l'on considère qu'être en arrêt maladie et être malade sont la même chose. Certains en doutent et osent insinuer que tous les arrêts de travail ne sont pas justifiés, et que certains de ceux qui se font porter pâles ne sont pas aussi souffrants qu'ils le prétendent.
Comment se fait-il que les Suédois soient en arrêt maladie quarante jours par an en moyenne contre seulement dix pour les Allemands ? Il y a là un paradoxe dans la mesure où les Suédois mènent une vie plutôt saine, font du sport, prennent soin de leur corps et de leur santé, sont parfaitement conscients de l'importance de l'alimentation pour le bien-être et dépensent des fortunes dans les produits diététiques.

Les arrêts maladie ont coûté 100 milliards de couronnes [9,3 milliards d'euros] à la collectivité suédoise entre 1997 et 2007. On ne parle donc pas ici de petites sommes. Il faut donc y voir un problème de société, à la fois économique et social. Dans ce contexte, il est curieux que l'étude intitulée L'ohälsans tid [Le temps des mal portants] des ethnologues Jonas Frykman et Kjell Hansen n'ait pas davantage attiré l'attention. Certaines choses ne doivent manifestement pas être débattues, et surtout pas remises en question. Certes, le quotidien Svenska Dagbladet s'est intéressé à l'ouvrage, mais en a parlé avec une citation sortie de son contexte : "L'arrêt maladie est utilisé comme un outil universel pour résoudre toute une série de problèmes sociaux chez une population relativement bien portante." L'explication est loin d'être aussi simple. Des facteurs structurels à l'échelle du pays, notamment l'existence d'une assurance-maladie trop généreuse, sont en cause, mais aussi et avant tout l'interprétation que font les individus des droits et des modèles culturels locaux.

Les ethnologues Jonas Frykman et Kjell Hansen infirment quelques mythes et avancent des explications au phénomène. Non, les immigrés ne se font pas plus souvent porter pâles que les autres, ni les jeunes d'ailleurs. Les horaires de travail ne semblent pas non plus avoir d'influence sur la fréquence des arrêts maladie. La localisation géographique, en revanche, a une incidence sur leur nombre. Les auteurs se sont ainsi intéressés à cinq localités de deux régions : les comtés de Jämtland [nord] et de Jönköping [sud]. Le fait qu'ils aient choisi de comparer ces deux comtés ne doit rien au hasard. Le Jämtland vient en tête des comtés les plus mal portants du pays alors que les habitants de Jönköping sont parmi les Suédois les plus robustes. Les deux chercheurs se sont servis du concept d'habitus - les comportements de base d'un individu - pour expliquer ces différences. Le modèle culturel développé dans le Nord tolère plus facilement l'utilisation des arrêts de travail pour résoudre des problèmes locaux, comme le chômage. Il est socialement accepté que les indemnités journalières de maladie servent de revenu de base pendant que leur bénéficiaire s'adonne à d'autres activités, la chasse ou la pêche, par exemple.

Pour Frykman et Hansen, la tolérance à l'égard de ce comportement est liée à un sentiment d'exclusion, de résignation et de marginalisation. Les gens du Nord se sentent oubliés et abandonnés par les autres, par ceux du Sud notamment. Il est donc justifié à leurs yeux de prendre ce que l'on peut. C'est, en quelque sorte, une logique de Robin des Bois selon laquelle on prend aux riches pour donner aux pauvres.

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