Le Groupe Action Gay et Lesbien Loiret recevait Jean-Louis Rougeron, président de la commission Lesbienne, Gay, Bi et Trans d’Amnesty International le jeudi 14 mai 2009 au cinéma Les Carmes à Orléans. Nous l’avons invité pour présenter le film « Harvey Milk » de Gus Van Sant et pour débattre sur la problématique de l’homophobie dans le monde. Ce débat s’inscrivait dans le cadre de la journée mondiale de lutte contre l’homophobie, qui a lieu chaque année le 17 mai.
Le contexte à l’époque de Harvey Milk
Devant un public nombreux (91 personnes), Jean-Louis Rougeron a rappelé le contexte politique de l’époque aux Etats-Unis, marqué à la fois par le mouvement hippie mais aussi par de fortes tendances conservatrices. Il a rappelé qu’aujourd’hui encore, des mouvements de fiertés homosexuelles étaient interdits en Europe et a cité en exemple l’interdiction de la marche des fiertés dans les Républiques Baltes en 2009. Le film quant à lui illustre la mobilisation collective des homosexuels pour la reconnaissance de leurs droits en Californie, à travers une partie de l’existence d’Harvey Milk, premier homme politique homosexuel déclaré à devenir conseiller municipal de la ville de San Francisco dans les années 70.
Le film de Gus Van Sant, magnifiquement interprété par Sean Penn, met ainsi en évidence les premières manifestations de soutien des homosexuels de San Francisco pour un candidat gay, donnant naissance aux premières « gay prides ». Il montre également les arguments homophobes brandis par une partie de la classe politique américaine de l’époque.
A quoi sert la commission LGBT d’Amnesty International ?
Lors du débat, Jean-Louis Rougeron a expliqué le but et le fonctionnement de la commission LGBT d’Amnesty International. Elle a pour objet de défendre les droit des personnes LGBT dans le monde, notamment dans les pays où elles sont victimes des lois et des préjugés locaux. Des personnes relais d’Amnesty répertorient ainsi dans chaque pays les atteintes à la liberté des personnes LGBT en raison de leur orientation sexuelle. Amnesty stigmatise ensuite les gouvernements fautifs en faisant signer des pétitions au niveau international et en interpellant les médias sur la situation des victimes.
Le GAGL, sur son site Internet, publie les pétitions d’Amnesty. Les gouvernements ainsi montrés du doigt essaient de trouver rapidement des solutions, tels le gouvernement sénégalais qui a récemment libéré, grâce à l’action d’Amnesty, des personnes emprisonnées en raison de leur homosexualité. Jean-Louis Rougeron a également expliqué le travail effectué auprès de Rama Yade, secrétaire aux droits de l’homme du gouvernement français, lors du vote pour la dépénalisation de l’homosexualité dans le monde présentée à l’ONU le 23 décembre 2008. 66 pays sur 192 ont signé cette déclaration à ce moment (les Etats-Unis l’ont signée plus tard) ce qui montre un réel progrès par rapport au vote précédent. Jean-Louis Rougeron note cependant que certains pays ont proposé un texte pour renforcer la pénalisation de l’homosexualité et a rappelé que 80 pays dans le monde considèrent l’homosexualité comme illégale (parmi ceux-ci,7 pays condamnent les homosexuels à la peine de mort).
Une exacerbation de l’homophobie sur un plan mondial
Interrogé sur le lien entre le regain d’homophobie dans certains pays et une montée en puissance de l’intégrisme religieux, le président de la commission LGBT d’Amnesty International précise que ce lien est fort, dans les pays musulmans mais également dans certains pays chrétiens d’Europe de l’Est tels la Pologne. Jean-Louis Rougeron a en outre précisé que peu de lesbiennes étaient victimes d’actes homophobes graves dans le monde car, dans la plupart des pays, « les femmes n’existaient pas », c’est-à-dire que leur sexualité n’était pas considérée et que la question de leur orientation sexuelle ne se posait donc pas.
Coming-out au service du changement des mentalités
Enfin, il a repris la philosophie d’Harvey Milk pour lutter contre l’homophobie : il ne faut pas hésiter à dire dans son entourage que l’on est homosexuel et que l’on vit cette orientation sexuelle normalement, de façon à monter que les personnes LGBT sont intégrées à tous les niveaux de la société. Cette action de visibilité est une façon efficace de faire changer les mentalités.