Depuis presque cinq ans que le vaccin contre la varicelle existe, je ne cesse de croiser dans les rues de jeunes enfants à la petite figure tout ornée de ces gros boutons démangeant. Avant, quand je connaissais les mamans, je ne manquais de m'exclamer :
"Mais ne connaissiez-vous pas le vaccin contre la varicelle?"
Eh non, elles n'en avaient pas entendu parler. Elles faisaient alors mine de rien, genre c'est pas bien grave, ce n'est que la varicelle, alors qu'elles avaient dû ajourner leurs projets, écourter leurs vacances, prendre plusieurs jours de congé, ne plus voir leurs amis (et leurs enfants!) pendant au moins une semaine, veiller l'enfant, lui faire rater l'école, l'emmener chez le médecin, lui administrer ses remèdes, payer éventuellement une nounou, se faire du souci pour le reste de la fratrie (et les éventuels nouveaux jours de congé forcé à prendre!), se faire pourquoi pas regarder de travers au boulot, alerter la famille, empêcher l'enfant de se gratter, se lever la nuit pour faire baisser la fièvre, etc.
J'en avais entendu parler dès 2004, je ne sais comment, et fais vacciner mon benjamin dans la foulée. J'ai payé le vaccin de ma poche, plus de 50 euros (!) mais je trouvais que ça en valait la peine. Tous les gamins choppent un jour ou l'autre la varicelle, et si ce n'est pas le cas, il reste encore l'âge adulte, assez long comme vous savez, durant lequel cette maladie, s'il y a lieu, n'est pas belle à voir, paraît-il.
Selon moi ces 50 euros étaient bien employés. Evidemment, j'aurais préféré ne rien payer, comme d'habitude, mais j'aime aussi l'idée d'aider à renflouer le trou de la sécu, ce qui fait que depuis toujours je paie moi-même mes médicaments de "confort", genre paracétamol et sirops divers, qu'invariablement je demande des génériques, et que j'attends toujours au moins 48 heures en cas de fièvre de n'importe quel membre de la famille avant d'aller consulter.
Depuis je ne dis plus rien. Si leur gamin se retrouve dans cet état, c'est que ces mamans ne savaient pas. A tort pour ma bouche cousue, car manifestement la pub de ce vaccin n'a pas été faite: en 2009 on rencontre toujours des petits enfants décorés, et il y a quelques jours, c'est le fils d'une amie de Verte-Ville qui y est passé. Manque de chance, cette amie est enceinte, épuisée, et a vraiment autre chose à faire que de courir les médecins et de s'occuper de son petit malade de moins de deux ans. La tuile. Elle aurait de toute évidence préféré se délester de 50 euros plutôt que de se mettre dans une telle situation. Petit sondage auprès de deux ou trois autres copines jeunes mamans : aucune n'avaient entendu parler de ce vaccin, alors qu'elles fréquentent les PMI et les accueils mamans-bébés. Je ne fais pas encore assez ma pipelette, même si ça semble incroyable.
Ici j'avais demandé à mon nouveau médecin généraliste de prescrire ce vaccin à ma fille. Il m'a répondu que la varicelle n'était pas bien grave, qu'après elle ne la referait plus, etc. Je lui ai répondu qu'il en parlait à son aise, car ce n'était pas lui qui allait se taper l'organisation de folie pour faire garder les mômes malades, car je ne comptais pas rester à la maison ad vitam eternam et que d'ailleurs, j'étais prête à payer. J'ai poli mes arguments, et j'ai eu mon vaccin. D'ailleurs mon docteur a tellement bien compris qu'il m'a fait passer la chose en remboursable, comme quoi, franchement, il n'y a pas de règles bien nettes dans ce pays.
Alors oyez oyez, bonnes gens : vous n'êtes pas obligés de subir la varicelle de vos enfants, la science y a pensé pour vous !
Le vaccin serait même paraît-il encore indiqué et possible dans les trois jours suivant le contact avec une personne infectée.
Un vaccin contre la désorganisation familiale, ça ne vous dit pas ?