Prix du livre : 15 ans trop tard

Publié le 27 mai 2009 par Kalvin Whiteoak

On apprend que le Conseil National s’est rangé aujourd’hui après des sombres lustres de guerre des tranchées à une version helvétiquement correcte du prix unique du livre, qu’ont réclamée à corps et à cris les libraires indépendants de Suisse romande, comme gage de leur survie, mais il y a quinze ans déjà!

Le chantre PDC fribourgeois de cette nouvelle réglementation, Dominique de Buman, n’hésite pas à déclarer : “Le livre n’est pas une marchandise comme une autre, mais un bien culturel qui mérite d’être protégé. En Suisse romande, plus de 50 librairies ont disparu ces dernières années, soit un tiers des effectifs. Si cette concentration n’est pas freinée, le best-seller menacera l’édition de qualité.” Amen, allez en paix.

En fait, non seulement ce sont  bien plus que 50 librairies que l’absence de réglementation a fait tomber, mais il faut voir dans ce sursaut une manœuvre politique bourgeoise d’un cynisme parfait: la librairie indépendante n’existant plus, on peut faire semblant de la protéger…

A travers cette soudaine prise de conscience, ceux qui avaient toujours le pied sur le frein en la matière se sont dits qu’en 2009, une telle réglementation ne mangeait pas de pain, puisque même les géants des biens culturels comme la FNAC ou le groupe Metro, fossoyeur des petits indépendants, sont en difficulté sur tout ce qui n’est pas peu ou prou de nature électronique et doivent restreindre leur assortiment, voire licencier.

Sans compter les petits éditeurs de qualité morts ou en voie de prochaine disparition qui crèvent la faim et doivent même pour certains être éditeur, secrétaire, coursier, emballeur, designer, correcteur et transporteur de paquets le lundi matin aux petites heures, ceci pour ne pas gagner leur vie.

Pourquoi donc, quand les professionnels d’une branche tirent une sonnette d’alarme justifiée, faut-il dans ce pays un temps de réaction aussi long ? et une action aussi molle ?

On peut imaginer deux termes de réponse à cette hypothèse en forme de question : les politiciens bourgeois sont encore pire que les autres, ce qui en fait n’est pas une découverte, ou/et alors le système de parlement de milice et de délibération à tiroirs est tellement démocratique qu’il en est devenu auto-bloquant, surtout quand la majorité bourgeoise use de tous les artifices pour y parvenir.

Triste destin que celui du livre actuellement en Suisse. On ne le trouvera bientôt plus qu’à la Migros, à la COOP et à la Poste. Et encore, que des sottises sans intérêt dignes de Voici ou Gala.

Merci donc aux parlementaires zélés d’avoir provoqué plus qu’une mort annoncée. Car en plus rien ne permet de dire ce que vont faire les sénateurs …

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Prix du livre : 15 ans trop tard


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