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Obsédé par Fabiola

Publié le 27 mai 2009 par Marc Lenot

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Sainte Fabiola, patronne des femmes battues et des infirmières, est peut-être la seule sainte divorcée. Quand Francis Alÿs décida de collectionner des reproductions populaires de tableaux de maîtres, c’est son portrait par Jean-Jacques Henner (le dernier des Romantiques) qui, peu à peu s’imposa à lui, plus que la Joconde ou la Cène. Sans doute de par la fréquence de ces reproductions, mais aussi à cause d’une charge mythique, tant de la sainte que de l’original disparu. Alÿs a donc assemblé une collection de ces reproductions, qui est présentée à Londres, à la National Portrait Gallery, jusqu’au 20 septembre. 

Il y a des tableaux, des dessins, des bas-reliefs en bois, des émaux, des broderies, des assiettes, une tabatière, des broches, un pin, toutes de la main de l’homme, aucune reproduction mécanique,

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aucune oeuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique. Les tableaux, en majorité, sont rarement encadrés. La sainte est presque toujours dans la même posture, copie fidèle du Henner : regardant vers la gauche, couverte d’un voile rouge dont les tons varient d’un tableau à l’autre, créant tout un nuancier sur les murs à l’accrochage serré. Quelques variantes : inversion vers la droite, voile vert, une ébauche de paysage, une déconstruction moderniste (voir la reproduction du catalogue), un triptyque (ci-dessous).
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Mais dans l’ensemble, on est fidèle, on répète scrupuleusement, sans création, sans imagination.

Et Francis Alÿs collectionne, obsédé, maniaque, habité par Fabiola. Il a des rabatteurs dans le monde entier, il écume les ventes et les puces. Il y a 273 cotes au catalogue, très muséal (cliquez ci-contre), plus vingt-six faux. Des faux, oui ! En 1997, Alÿs prêta 62 Fabiolas à la Biennale de Saaremaa en Estonie, et, au retour, 26 tableaux avaient été remplacés par des copies : jolie histoire !

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Cette histoire d’artiste collectionneur, obsédé par la série, l’exhaustivité, me plaît beaucoup. Où est l’aura, où se cache-t-elle dans ces reproductions d’amateurs qui n’auraient pas leur place au musée si Alÿs ne les avait pas ainsi assemblées ? Comment regardons-nous ces images ?

Photo 2 de l’auteur.

L’exposition a déjà été montrée à New York et à Los Angeles.


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