Sous ses airs de petite chronique d'une vie ordinaire, Nue Propriété de Joachim Delafosse est en réalité un film profondément pertinent qui veut mettre à jour les liens invisibles qui enserrent tant de femmes.
c'est en effet d'Isabelle Huppert, et non de sa maison, qu'il s'agit quand il est question de "Nue propriété". Elle est en effet au centre d'une petite galaxie d'hommes qui ne lui laissent strictement aucune intimité, jusqu'à son ex-mari qui rentre chez elle comme dans un moulin; ni aucune marge de mouvement. Ses faibles velléités d'émancipation sont soit l'occasion de quolibets, soit utilisés par un autre homme pour satisfaire ses propres envies. Tout le monde se sert d'elle, comme si elle ne s'appartenait pas.
Pis encore, le scénario va lui faire payer très cher sa dernière tentative d'envol loin de ce nid où sont couvés jusqu'à un âge bien trop tardif ses enfants terribles (dont Jérémie Rénier qui incarna un rôle similaire d'immaturité pour les frères Dardenne) , l'un plus ou moins chômeur, l'autre plus ou moins étudiant et qui tente déjà de reproduire les mêmes shémas de domination insidieuse avec l'élue de son coeur.
Sans doute, donc, est-ce là une nouvelle trace de la "dictature des enfants" dont nous avions déjà parlé il y a peu, et qui ne peut que les désespérer eux-mêmes quel que soit leur âge... mais le propos de ce film belge est d'abord et surtout d'émettre une protestation déterminée et incontestable contre les formes modernes de domination, d'écrasement, des femmes. c'est ce qui fait le coeur de ce "Nue propriété" qui vaut donc largement d'être regardé.