Cela ne suffira pas à changer le cours des 24 heures qui vous attendent comme le sceau d'eau blagueur prêt à rafraichir votre illustre crâne du haut de sa porte perchoir, mais au moins pourrez-vous apprécier ses vertus énergisantes et surtout calorifiques.
C'est le fait d'être capable d'apprécier son assiduité qui fait de vous un Homme. La conscience de son existence et de sa capacité à changer votre humeur tend à prouver que vous n'êtes pas seulement un misérable gastéropode apathique.
Vous en baverez peut être aujourd'hui, c'est un fait, mais vous en baverez en bronzant.
Il ne fera pas non plus de vous l'heureux gagnant du loto, mais vous aurez l'illusion de vous rapprocher du bonheur lorsqu'il commencera à griller délicatement vos paupières.
Et puis 100% des gagnants n'ont-ils pas tenté leur chance ?
100% des perdants aussi, c'est vrai !
C'est le genre de vérité statistique transformée en slogan publicitaire, apte à vous faire oublier que la proportion des premiers est tout de même très très largement minoritaire.
Ce qui n'empêche nullement les naïfs seconds de croire en leur chance.
A défaut d'être bonne, la proximité de cette chaude étoile vous fera toutefois prendre les vessies de vos soucis pour les lanternes de vos espoirs.
Ça rend pas plus riche, mais ça reste préférable au phénomène inverse.
Donc, vous vous levez et il est là.
Il vous attend.
Cela fait 3 bonnes heures qu'il patiente.
Fort d'une hibernation de plusieurs mois, il est en pleine forme; prêt à rayonner vivement.
Mais il est courtois. Il ne veut pas vous brusquer en vous envoyant ses millions de watts aveuglant en pleine poire, à peine éveillé.
Alors il démarre tranquillement, diffusant d'abord avec parcimonie ses rayons délicats sur la sphère assoupie.
Il tient compte des obstacles qui se dressent devant lui comme autant de vains remparts immobiles et fait mine de contourner les arbres, les maisons rouges, vertes ou bleues. Ses assauts de lumière oblique se brisent sur les barrages terrestres et dessinent sur le sol les formes disloquées de ses tentatives de passage.
L'éclat est assez puissant pour éclairer les zones sombres qu'il ne peut atteindre et suffisamment doux pour dessiner le tableau magnifique d'ombres et de scintillements aux contrastes éblouissants.
Mais il est bigrement malin le bougre.
Alors il tourne lentement.
Il grimpe avant de redescendre.
Si bien qu'une fois au sommet de sa gloire, perché au dessus de nos têtes, il rayonne pleinement et largement. Il a maintenant ramassé les traces géométriques, les sillages obscurs de ses intrusions matinales, qui jonchaient l'île, tels des cadavres abandonnés sur un champs de bataille.
Il occupe les moindres recoins de la planète dénudée.
Lui, le soleil, finira par s'éclipser tardivement, avant de reparaître une poignée d'heures plus tard, enthousiaste à l'idée d'éclairer... cette journée dont vous pensiez qu'elle se révélerait éprouvante, voire franchement désagréable.