Qu'un petit garçon dessine des choses étranges, on s'en inquiète ; que ces dessins composent l'essentiel d'un livre pour enfants, voilà qui dérange gravement. Pourtant, One True Bear, son dernier ouvrage, veut faire la lumière sur « ce type d'images qui ne sont pas accrochées à la porte du frigo », explique Ted. C'est certain : une sulfateuse ou un bébé phoque éventré n'a rien de glamour dans la cuisine ni devant des invités.
« Je pense que l'exploration de la violence par les garçons est souvent confondue avec les produits commerciaux qui exploitent leur attrait pour les actes violents et que cela rend les parents nerveux », ajoute l'auteur. C'est pourquoi son histoire revendique le statut de premier livre incluant des images violentes tirées de l'imaginaire des enfants : on y trouve des clowns démembrés, des personnes empalées, des chars, des avions larguant des bombes...
Mais cela n'a rien à voir avec un film de Tarantino pour jeune public : ici, on souhaite prodiguer un conte moral, sur la manière dont un ourson gagne l'affection d'un garçon violent. Mais n'est-ce pas trop ? La réponse est simple : s'attend-on à ce qu'un enfant ayant vu Peter Pan se jette par la fenêtre ? Si c'est oui, alors il y a un problème et le livre n'y changera rien. Et c'est ce que déplore Ed : « Nous ne faisons pas confiance aux enfants pour comprendre la différence entre la réalité et la fiction », nous... les adultes, qui savons si bien ce qui est bon pour notre progéniture.
Or, le débat s'élargit de lui-même : si nous détestons voir nos têtes blondes jouer à un jeu vidéo violent, cela ne dérange pas autant, voire par du tout de leur mettre des épées en bois dans les mains. C'est plus traditionnel... Pour le Dr Thompson, auteur de livres sur l'anxiété chez les adolescents, il n'existe aucun lien entre l'écriture d'histoires violentes et les actes commis de violence. « Si vous écrivez des livres violents, on ne vous enverra pas en prison, vous finirez plutôt dans la rédaction de scénario pour Hollywood. »