Ce morcellement du travail va se trouver renforcer par un chômage massif que nous allons porter pour une longue période. Chômage qui aura pour effet de faire baisser durablement les salaires (Offre<Demande). Voie de conséquence : les petits boulots et les petits salaires vont se multiplier
La crise aura bien marquée un point de non retour. Finis les CDI de 35h avec RTT. D’ailleurs il est assez envisageable que des tensions sociales très fortes se produisent entre ceux (privilégiés) qui bénéficient d’un ancien statut (35h RTT complémentaire santé, retraite, fonctionnaires…) et ces nouveaux travailleurs actifs éclatés sur plusieurs jobs avec de mini salaires sans avantage compensatoire…
Le travail va donc se morceler ; il faut s’y préparer ! Nous allons devoir naviguer entre plusieurs jobs pour des compétences connexes ou totalement différentes. Cette évolution ne va pas sans tenir compte de l’offre de travail des entreprises qui va elle aussi évoluer.
La baisse durable de la consommation donc des ventes, coïncidant avec un fort taux d’endettement (dette contractée pendant cette période bénie du crédit très peu cher…) va amener les entreprises à adapter la dernière variable qui leur reste : la masse salariale.
Se payer un directeur qualité, marketing, technique (ou autre) 100% de son temps va devenir de plus en plus difficile. Les entreprises vont adapter leur besoin de compétence en flux tendus quand elles le nécessitent. On consomme au juste à temps et on fait l’économie d’un personnel qui pèserait durablement sur l’organisation. Vous avez compris que le top management n’est bien sur pas concerné par ces évolutions. Le conseil que l’on peut se faire est de grimper le plus vite possible vers ces sphères managériales qui vont devenir de vrais bastions (si ce n’est pas déjà le cas…).
Ces évolutions peuvent paraître apocalyptiques mais en fait elles ouvrent de nouvelles formes d’organisation qui, paradoxalement, peuvent répondre à une attente sociale de stabilité et de sécurité.
Le partage du temps de travail ne doit pas apparaître nécessairement comme un accroissement de la précarité du salarié si l’entreprise a su adapter son organisation aux exigences nouvelles de l’environnement. Dans le cas où les entreprises se regroupent pour former une entité de 4 ou 5 pme (par exemple) on imagine facilement que cette notion du temps partagé entre différents employeurs ne pose plus aucun problème et aurait même des avantages pour l’entreprise et pour le salarié. Nous pouvons ainsi imaginer notre directeur qualité embauché par le groupement d’entreprise et le voir mettre en œuvre son expertise dans 3 entreprises du groupement… Plus de précarité et CDI retrouvé avec peut être tous les avantages du passé…
Les avantages pour l’entreprise sont évidents. Pourquoi n’avançons nous pas plus vite dans cette voie ? Certains groupements d’entreprises existent déjà avec des succès divers, mais l’expérience mériterait de s’élargir. Regroupées, les entreprises deviendraient plus fortes pour affronter l’avenir en mutualisant certains coûts et de fait, retrouveraient une plus value importante pour affronter les marchés à l’export. Les formes nouvelles du travail doivent se conjuguer avec des organisations nouvelles. Il faut mener le débat sur ces 2 fronts simultanément. La paix sociale est peut être à ce prix.
Dès à présent les PME (principalement) doivent se regrouper dans une forme qui serve leur besoin de développement. Le groupement d’entreprise me semble être une forme bien adaptée pour recréer les conditions d'un avantage concurrentiel par une combinaison nouvelle des ressources et ainsi retrouver une performance difficile à imiter par la concurrence. C'est bien par le levier de l'organisation et une nouvelle allocation des ressources que les entreprises peuvent sortir de la crise. C’est, à mon sens, une nécessité urgente si elles veulent conserver un temps d’avance et ne pas être emportées par ce Tsunami qui n’a pas encore fait toutes ses victimes…