C’est entendu et largement prévisible, les élections européennes risque de connaître un taux d’abstention record ; comme je l’ai déjà dit ici même, cette tendance n’a rien d’anecdotique. On l’observe depuis près de 20 ans toutes élections confondues, les Présidentielles de 2007 ont été, en ce sens, un « accident démocratique ».
L’autre absence tient au peu de place laissée aux problématiques européennes, alors oui les médias, nous-même blogueurs avons notre part de responsabilité mais elle doit être partagée avec les partis politiques eux-mêmes.
Subie ou voulue, la présidentielle de 2012 est déjà dans toutes les têtes (au moins pour les principaux protagonistes) et j’ai bien peur qu’une fois de plus, les causes de l’abstention soient mises sous le boisseau car au fond, les politiques s’en accommodent puisqu’elle n’a aucune incidence sur leurs mandats.
La politique d’en haut parle de démocratie sans jamais plus la questionner, elle vit sans elle comme elle commence à vivre sans militants autre que ses obligés en attente d’un mandat, d’un travail (cf Michel Rocard « si la gauche savait »).
Et nombreux sont les militants, les citoyens soucieux de comprendre un monde déboussolé, en mal de partis, de structures aux codes trop rigides hérités d’un âge où les systèmes en ne souffraient d’aucune remise en cause fondamentale, à vouloir s’affranchir de pesanteurs qui forcent à l’immobilisme partisan.
Il ne s’agit pas de se « lover » confortablement dans une posture apolitique où il y aurait de bonnes choses dans chaque camp, non, il s’agit de poser les bases d’un débat où les idées reçues, le prêt à penser éclatent sur les murs d’une crise qui tient à la logique du système dans lequel nous sommes encore prisonniers.
Cependant et malgré la « déprégnance » graduelle des partis politique sur l’espace des débats et son cortège de petites phrases assassines à la veille d’un scrutin ; de nouveaux clivages se font jour. Ici une pétition signée par Royal, Bayrou et Villepin ; là un appel avec Larrouturou, Lepage ou Bové ; quoique encore épisodique, cela traduit néanmoins une réalité où le citoyen se fait moins attentif au consigne des appareils.
Aussi, je suis convaincu que nous, petites mains de la Politique, avons notre rôle à jouer dans cette recomposition des idées et des acteurs. Sous quelle forme, il est encore difficile de le dire, le renouveau militant et sa traduction dans l’action sont encore à inventer. Bloguer, et c’est une idée que je défends de longue date, en est une de ses traductions, ça ne peut être la seule.
Car au fond, la finalité de ce militantisme n’est-elle pas d’inventer, de créer, d’organiser de nouveaux modes de circulation du débat, ouvert mais partisan ; tranché mais respectueux.
Pour ma part, c’est ce que j’ai voulu faire en couvrant le congrès du PS avec d’autres blogueurs, c’est ce que j’ai tenté avec cette expérience mitigée sur les européennes, c’est demain ce je veux faire avec cette rencontre entre Pierre Larrouturou et Corinne Lepage (le 15 juin).
Demain, c’est aux citoyens, aux militants en rupture de multiplier de telles expériences pour tenter de donner corps à une recomposition que tout le monde sent sans jamais oser la provoquer ouvertement.