Parlez nous d’Europe. Selon Xavier Bertrand, “aujourd’hui, à part l’UMP, à part peut-être Daniel Cohn-Bendit et les Verts, je ne vois personne qui parle d’Europe“. Le meeting UMP qui se tenait hier à Toulouse était l’occasion de vérifier si les propos collent aux actes. A l’instar des principales formations politiques, le fond a été marqué par une indigence qui ne peut qu’alimenter la victoire annoncée de l’abstention.
Dans un entretien accordé lundi à La Tribune, Xavier Bertrand estime que l’abstention évaluée par les sondages à plus de 50%, “n’est pas une fatalité“. Sa solution : “Il faut que les messages soient complètement tournés vers l’Europe“.
Les discours tenus à Toulouse ne vont pas mobiliser les foules. Juste au mieux les militants UMP. Sortis pour l’occasion, les seconds couteaux du gouvernement n’ont pas fait d’étincelles, rabâchant laborieusement la logorrhée officielle de la majorité présidentielle.
A défaut de fond, l’UMP est contrainte à user de trois grosses ficelles : l’ennemi extérieur, l’ennemi intérieur et, le sauveur suprême.
La menace extérieure, c’est avec beaucoup de démagogie, la question Turque. “L’UMP est catégoriquement opposée à l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne, à court, à moyen et à long terme“, affirme le secrétaire général du parti présidentiel : “Nous sommes les seuls à être clairs. Nous nous engageons à dire non à la Turquie“. L’argument fait mouche même si la réalité est beaucoup plus complexe dans le mælstrom institutionnel européen avec un engagement de l’Etat Français très ambigu. Ce que Marine Le Pen qualifie “d’escroquerie Sarkozyenne” l’accusant d’avoir ouvert deux nouveaux chapitres sur l’adhésion de la Turquie lors de la présidence française de l’UE. Pas de quoi empêcher le responsable de l’UMP d’affirmer, droit dans ses bottes sur France 2 que, “Ça vaut la peine de voter pour des candidats qui vont s’engager pour dire non à la Turquie, aujourd’hui, demain et après-demain“,“Nous voulons des négociations pour un partenariat privilégié“.
L’ennemi intérieur, c’est évidemment le PS. A défaut de constituer une menace réelle et sérieuse, il constitue un défouloir et un dérivatif. Taper sur le PS s’est s’assurer de resserrer les rangs au sein de la majorité présidentielle. Mardi soir,Xavier Bertrand a assuré que le Parti socialiste était “pour un impôt européen”, soulignant qu’à l’inverse la majorité est “contre toute augmentation de la fiscalité, et en France et en Europe”.
Une petite ritournelle reprise à chaque occasion ” Je note que le Parti socialiste, Mme Aubry, dit qu’il faut augmenter le budget de l’Europe avec des ressources propres, ça veut dire que le Parti socialiste français est pour un impôt européen “, a déclaré M. Bertrand sur France Info.”Pour nous c’est non, pour eux c’est oui à un impôt européen, je pense qu’il est important de jouer cartes sur table“, a insisté le député de l’Aisne.
Le budget de l’UE est pourtant d’un faible montant, à peu près 1 % de la richesse nationale de l’Union, ce qui équivaut à environ 235 euros par habitant. Alors que l’UMP évoque dans ses slogans “une Europe qui protége”, on peut s’interroger sur les modes de financement de ses politiques.
Il est vrai que plus que des ressources financières, l’UMP estime que “pour avancer, l’Europe a besoin d’une direction politique très forte“. Et voilà Nicolas Sarkozy propulsé dans le rôle de l’homme providentiel, le seul capable de bousculer les torpeurs et les lenteurs de Bruxelles et de ses procédures.
L’agitation pour programme, dans un exercice d’auto-persusasion que la présidence française de l’UE a été une réussite alors que nombre d’observateurs font remarquer que si Nicolas Sarkozy a certes ouvert beaucoup de chantiers, aucun n’a été mené jusqu’à son terme.
Un reproche que les Français connaissent bien. Peu importe, alors que l’UMP rejette le fait que les élections européennes ne constituent pas un référendum sur l’exécutif français, elle affirme dans le même temps qu’”Ensemble avec le Président de la République, nous changerons l’Europe, comme nous changerons la France “. Un vaste programme mais surtout un amalgame qui laisse comprendre que les suffrages portés sur les listes de l’UMP seront analysés comme autant de soutiens à la politique menée en France par Nicolas Sarkozy.