"Un minuscule bloc de corail perdu dans l'océan Indien. Cerné par les déferlantes, harcelé par les ouragans. C'est là qu'échouent, en 1791, les rescapés du naufrage de l'Utile, un navire français qui transportait une cargaison clandestine d'esclaves.
Les Blancs de l'équipage et les Noirs de la cale vont devoir cohabiter, trouver de l'eau, de la nourriture, de quoi faire un feu, survivre.Ensemble, ils construisent un bateau pour s'enfuir.
Faute de place, on n'embarque pas les esclaves, mais on jure solennellement de revenir les chercher.
Quinze ans plus tard, on retrouvera huit survivants : sept femmes et un bébé. Que s'est-il passé sur l'île ? A quel point cette histoire a-t-elle ébranlé les consciences ? Ému et révolté par ce drame, Condorcet entreprendre son combat pour l'abolition de l'esclavage.
Après Le Nabab, Devi et Au Royaume des Femmes, Irène Frain s'est plongée dans cette extraordinaire aventure et l'a restituée dans un roman vrai d'une bouleversante humanité."
Editions Michel Lafont, Février 2009.
ISBN : 978-2-7499-0990-5
373 pages (post-face, remerciements de l'auteur et de l'éditeur compris) - 20 Euros.
Mon avis :
Les premiers chapitres m'ont laissé quelque peu dubitative, notamment celui sur la description de l'île. Cependant, j'étais dans l'ambiance et n'ai eu aucune peine à imaginer cet univers hostile, loin de tout. Les descriptions longues et trop détaillées ont généralement tendance à me lasser à moins que l'auteur réussisse à captiver mon attention. J'ai cependant persévéré et continué ma lecture et mon entêtement a été récompensé rapidement. Irène Frain a fait le pari osé d'écrire une histoire basée sur des évènements historiques peu connus en tenant compte uniquement des faits. Ce n'est pas un exercice facile, lorsque l'on écrit, de lutter contre le romanesque, de ne pas imaginer car l'imagination est, outre le talent bien sûr, le propre de l'écrivain.
Histoire au début très banale resituée dans son contexte : le naufrage d'un bateau après avoir heurté un récif corallien au XVIIIe siècle. Banale aussi pour l'époque, une cargaison clandestine d'esclaves à bord, esclaves traités "correctement" pour ne pas gâcher leur valeur marchande. La banalité disparaît lorsque les remords et les consciences apparaissent. Avant cela, nous assistons à la cohabitation séparée des esclaves et de leurs geôliers sur une île hostile à tout point de vue. Nous assistons à leur survie : problème de l'eau et pour être très brève, nous assistons à la construction d'un bateau qui ne peut se faire sans l'aide de la communauté noire... communauté qui sera ensuite abandonnée pendant 15 longues années.
La culture bretonne d'Irène Frain se ressent au travers des lignes du roman car les descriptions des blancs sont de loin supérieures à celle des noirs, la description de leurs émotions également. Comment en serait-il autrement ? L'auteur s'en est tenu aux sources qu'elle avait à sa disposition. Les témoignages d'esclaves de l'époque ne sont pas nombreux et il existe peu d'informations sur cet évènement de l'histoire qui a même influencé Condorcet et ses travaux en faveur de l'abolition de l'esclavage (Cf également ses travaux sur Les notions fondamentales de La Laïcité).
J'ai aimé cette lecture et apprécié au fur et à mesure de l'avancement de celle-ci que l'auteur s'en tienne uniquement aux faits historiques mais là, je me répète sans aucun doute, lisez-le et vous verrez.