Chose peu commune pour une formation de ce genre, c’est au batteur du groupe, Magnus Andreasson, à qui nous nous sommes adressés pour parler du septième opus, « Beg For It », des rois du « street metal ». Rencontre avec un suédois plein de vitalité.
Comment s’est déroulée la tournée qui a suivi la sortie de votre précédent album , « Dreamin’ In A Casket » ?
Magnus « Adde » Andreasson : C’était très cool de partir en tournée car la plupart des titres de ce disque avaient été spécialement taillés pour la scène. Certains morceaux étaient mêmes meilleurs que leurs versions studio. Cela fait maintenant 5 ans que Hardcore Superstar rencontre de plus en plus de succès à travers le monde donc on espère que cela va continuer. Nous avons gagné de nouveaux fans alors que nous en avons perdus d’autres qui n’ont pas aimé le fait que l’on incorpore des influences thrash à notre musique.
Oui, cette orientation a pu surprendre vos fans de la première heure…
À mon avis, le « sleaze rock » a besoin de se développer. L’album de référence dans ce domaine est « Appetite For Destruction » de Guns ‘N Roses mais tous les groupes qui ont, par la suite, essayé de copier ce disque ont échoué. C’est en tout cas mon point de vue. En ce qui nous concerne, nous avons envie d’aller de l’avant, d’essayer de nouvelles choses, nous ne voulons pas copier ce disque mythique.
Justement, après un peu plus de 10 ans d’activité, comment voyez-vous l’évolution musicale du groupe depuis votre premier opus « It’s Only Rock ‘N Roll » en 1998 ?
En fait, depuis le disque éponyme que l’on a réalisé en 2005 (« Hardcore Superstar »), je crois que nous avons vraiment trouvé notre style. Nous avons inventé ce que la presse appelle le « street metal ». On va dire que sur nos trois premiers albums, nous avons cherché à trouver notre voie, notre son. À partir de « Hardcore Superstar », nous avons donc perdu certains fans et d’autres se sont intéressés à notre musique.
Peux-tu nous parler de chaque histoire qu’il y a derrières les différents labels qui vous ont signés au cours de cette décennie, que ce soit Music For Nations, Gain Records ou Nuclear Blast aujourd’hui ?
Au sujet de Music For Nations, j’adorais les groupes qui étaient signés sur le label mais, en même temps, j’ai grandi en écoutant les disques de Nuclear Blast. Plus jeune, j’écoutais des formations comme Agnostic Front, pas mal de hardcore et de punk et c’était, à la base, l’orientation musicale de Nuclear Blast. Puis, à partir du moment où le label a commencé à signer des groupes de black metal, Nuclear Blast est devenu une référence dans le domaine du metal avec In Flames ou Soilwork, par exemple. Aujourd’hui, les responsables ont vraiment envie d’aller dans une direction musicale un peu plus rock, comme c’est le cas sur « Beg For It ».
Peux-tu nous en dire plus sur la genèse de ce nouvel opus ?
En fait, tout a commencé en tournée, lorsque le guitariste Thomas Silver (ndlr : l’un des membres fondateurs de Hardcore Superstar) a fondu en larmes dans le bus en expliquant qu’il n’en pouvait plus de cette vie sur la route. Il disait qu’il voulait dormir dans son propre lit chaque nuit et que s’il devait rejouer un jour de la guitare, ce sera à un niveau bien inférieur. Avec les autres membres du groupe, nous étions alors assez interloqués car la réputation du groupe prenait de l’ampleur et nous avions de plus en plus de fans. C’est à ce moment-là que nous avons commencé à écrire les morceaux de « Beg For It ». Une énergie incroyable nous a motivé pour les enregistrer en janvier de cette année.
Tout est donc allé très vite…
Oui, nous n’avons pas traîné. Toutes les parties instrumentales et les vocaux ont été bouclés en un minimum de temps. L’année d’avant, nous avons beaucoup tourné et nous avons composé la plupart des titres sur la route car on s’éclatait vraiment. En novembre 2008, nous avons fait un break et nous nous sommes attelés à l’enregistrement de « Beg For It ». Ce groupe adore les mélodies et les riffs de guitare efficaces. On a donc essayé de mêler des refrains très « cheesy », que tu retiens facilement, avec l’efficacité rythmique du thrash metal. C’est le genre de mélange que l’on affectionne particulièrement.
Est-ce que le hard rock des 80’s a été une influence ?
En fait, lors de la conception de cet album, nous avons pas mal écouté de groupes de cette époque. J ‘adore des trucs comme King Diamond, Slayer… et, en même temps, j’aime écouter Kiss, Mötley Crüe, Skid Row ou les Guns. Je n’ai aucun problème avec ces deux facettes du metal des années 80. On essaye donc aujourd’hui de combiner le style sleaze et le thrash. Nous avons grandi en écoutant tous ces groupes donc c’est quelque chose que l’on fait naturellement.
Pourquoi avez-vous choisi d’appeler ce disque « Beg For It » ?
La plupart des paroles de ce disque traitent de la maladie, la folie humaine (rires). Il y a tellement de choses qui t’arrivent chaque jour et qui peuvent de rendre malade… Tu dois donc espérer (beg) pour une vie normale et cela n’arrive pas si facilement comme nous le disons sur le titre « Hope For A Normal Life ». Parfois, tu fais des erreurs et tu as envie de ne pas les refaire une seconde fois.
Peux-tu nous en dire plus sur cette pochette à l’imagerie « maléfique » ?
C’est un hommage aux films d’horreur italiens comme ceux de Dario Argento. Nous avons tous grandi en regardant ses films qui nous foutaient la trouille. En même temps, Dario était quelqu’un de très sophistiqué car il a réussit à faire d’un meurtre une sorte d’œuvre d’art, quelque chose de, paradoxalement, très graphique, très beau… Avec cette pochette, nous voulions évoquer une ambiance horrifique tout en veillant à ce que cela reste sexy avec cette main de femme. Sur ce disque, on va dire qu’il y a quelques clins d’œil à des personnalités italiennes du cinéma (rires), comme sur l’intro « This Worm’s For Ennio ». Dans le passé, on a déjà rendu hommage à John Carpenter, par exemple, donc il était temps de le faire avec Ennio. En fait, le vers évoqué dans le titre est celui que l’on retrouve dans les bouteilles de Tequila. C’est une manière de trinquer avec lui (rires).
Lors de la prochaine tournée, vous allez faire quelques dates avec Mötley Crüe. Est-ce que c’est un rêve qui devient réalité pour vous ?
Nous allons effectivement tourner avec Mötley Crüe puis jouer dans certains gros festivals de l’été, partir en Italie puis au Japon. Nous serons sur la route jusqu’à la fin de l’année. Nous avons grandi en écoutant « Too Fast For Love ». C’est un album qui est resté gravé dans mon cœur. Quand je ne me sens pas bien, j’écoute ce disque et je me mets à chanter les chansons. Pour moi, c’est un des meilleurs disques du genre enregistré dans les 80’s. Mais, comme nous sommes déjà bookés dans plein de festivals, on ne pourra pas assurer l’ensemble de la tournée avec Mötley. Quoi qu’il en soit, on va bien en profiter et s’éclater !
Propos recueillis par Laurent Gilot
Photos : Michael Johansson
Hardcore Superstar, Beg For It (Nuclear Blast/Pias)
Sortie le 5 juin 2009
www.hardcoresuperstar.com
www.myspace.com/hcssgbg
Hardcore Superstar, Beg For It, trailer