Mardi, 26 mai 2009
À compter de ce matin, et ce à tour de rôle jusqu’à vendredi, les six grandes banques canadiennes publieront leurs résultats financiers pour le trimestre terminé le 30 avril. Ces résultats indiqueront probablement une embellie sur les résultats de l’année précédente, quoique les profits seront encore loin de ce qu’ils étaient il y a 2 ou 3 ans. Les provisions pour pertes sur prêts devraient avoir encore un impact très négatif sur les résultats.
Mais ce qui agace quant à la publication de ces résultats, c’est qu’une norme comptable excessivement importante dans le contexte où les banques sont infestés d’actifs toxiques a été modifiée, soit la règle de l’évaluation à la juste valeur marchande (marked to market). Cette règle voulait que les banques, comme d’ailleurs toutes les autres sociétés, établissent la valeur de chacun de leurs actifs en fonction du prix de ces actifs sur les marchés. Évidemment, lorsque cette juste valeur marchande est inférieure à la valeur inscrite aux livres de la banque, celle-ci doit inscrire une perte équivalente.
Parce que les marchés du crédit, c’est-à-dire les marchés sur lesquels se négocient les prêts de toutes sortes, sont devenus dysfonctionnels, dit-on, l’obligation d’évaluer tous les actifs à la juste valeur marchande a été abolie au début d’avril par la Financial Accounting Standards Board (FASB), l’organisme responsable des règles comptables aux États-Unis. On se doute que si les banques américaines avaient eu à évaluer tous leurs actifs à la juste valeur marchande elles auraient subi de grosses pertes additionnelles. Les actifs sont maintenant évalués en fonction de leur capacité de générer des revenus futurs.
L’Institut canadien des comptables agréés (ICCA) a emboîté le pas à la FASB, si bien que les résultats que nous présenteront les banques canadiennes cette semaine ne représenteront plus la juste valeur marchande de leurs actifs, mais plutôt une évaluation qu’elles en auront fait de concert avec leur vérificateurs.
Il y aura une embellie des résultats, disions-nous, mais dans quelle mesure pourrons-nous nous y fier ?
Les cours boursiers des actions des banques canadiennes, comme ceux des banques américaines, se sont fortement appréciés depuis ce changement à la norme comptable. Peut-être faut-il commencer à se méfier.
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