La tête encore pleine de boîtes à vider et d'affaires à mettre et à remettre en place, je reprends la route dans une ville palpitante de ses premières nuits d'été.
Malgré ses artères bouchées, le coeur de Montréal bat fort.
Je me coule dans ses veines, je l'observe battre, j'en saisis le pouls.
Les amours se terrassent aux quatre vents. Emplis d'odeurs hormonales, de parfums vertigineux.
Ça donne le tournis.
Ça donne envie de continuer...
Mes coups de coeur:
En fin d'après-midi un métis albertain qui marche sur une patte sortant du poste de police où il a passé la dernière nuit parce qu'il a fait la guerre à un agent de la paix. Me demande de l'amener au dépanneur le plus près d'où il ressort avec une douze. Après en avoir bu deux de suite, il me raconte ses déboires. Il s'est fait éclater une hanche dans un accident de marteau-piqueur et s'éclate avec l'argent de l'assurance. Il n'en manque pas quand il repart avec sa caisse de bière sous le bras pour reprendre où il a laissé dans le petit parc en avant de l'ancien Forum.
Une femme de Québec qui a sa fin de semaine de congé parental. Elle vient s'envoyer en l'air et n'en manque pas. Me drague sans vergogne et se renfrogne que je n'entre pas dans son jeu. Me vide son sac. Sa haine ivrogne d'un conjoint révolu. J'arrête le taxi pour qu'elle fasse le vide. Pas de dégât au bout du compte.
Un musicien en fin de nuit. Il sort d'un studio d'enregistrement. On jase de Montréal, de son potentiel créatif, de groupes, de genres, de musiques, de My Space, d'inspirations. Il me dit que le taxi de nuit doit être empli d'anecdotes pour écrire un livre. Même deux que je lui rétorque en lui filant un de mes signets. Il me dit qu'il vient justement d'écrire un texte sur un chauffeur de taxi de nuit. Je lui dis qu'il n'a pas de hasard.