Jusqu’ici l’orthodoxie budgétaire européenne a prévalu : l’Union ne s’endette pas et sa contribution à la lutte contre les conséquences de la crise économique reste très limitée. Le « plan de relance européen » n’a ainsi mobilisé que 5 milliards d’euros pour 2009 et 2010. Résultat, l’Union européenne (UE) reste un nain budgétaire avec un peu moins de 140 milliards d’euros à dépenser : principalement pour la « compétitivité et la cohésion » (45%) et pour l’agriculture au sens large (43%).
Mais l’impact de la crise sur les budgets des Etats-membres pourrait changer la donne. La dette publique des pays de l’UE qui représentait 62% du PIB européen en 2008 va s’accroître dans des proportions inédites en 2009 et 2010. Aussi de nombreux pays membres ont-ils commencé de réclamer une véritable relance européenne afin de soutenir leurs efforts nationaux, en remettant notamment à l’ordre du jour l’idée d’un emprunt européen. En mars dernier, le Parlement a même voté dans ce sens.
L’idée est simple : l’UE (en fait les pays de la zone euro), très faiblement endettée en tant que telle, pourrait lever des fonds sur les marchés de capitaux à des taux d’intérêt avantageux – meilleurs en tout cas que ceux obtenus par des pays surendettés comme la Grèce ou l’Irlande. Cette idée, déjà suggérée par Jacques Delors en 1993 (en réaction à la crise de l’époque) a jusqu’ici été rejetée, notamment par l’Allemagne, garante de l’orthodoxie en la matière. Compte tenu de la dégradation considérable des finances publiques partout en Europe (y compris en Allemagne…), le vent pourrait bien tourner.
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Chronique publiée dans le quotidien Nice Matin le 26 mai 2009.
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