Vendredi 29 Mai 18h30 au Souffle Continu :
Soirée "Ascension, tombeau de John Coltrane", proposé par
RogueArt & Franck Médioni avec Denis Lavant (lecture),
Sylvain Kassap (clarinettes), Claude Tchamitchian (contrebasse),
Ramon Lopez (batterie, percussion)
Ascension, tombeau de John Coltrane s’inscrit dans le
prolongement du livre « John Coltrane, 80 musiciens de jazz témoignent » paru aux éditions Actes Sud en 2007, une série de témoignages que j’ai recueillis quarante ans après la disparition de
l’auteur de « A Love Supreme ».
Il s’agit d’un jazz poem que j’ai écrit, évocation libre de John Coltrane sans mimétisme, sans analogie d’emprunt, mais au plus près de la musique, de la matière sonore, dans le dialogue,
conjuguant les forces et les gestes.
Denis Lavant (voix), Sylvain Kassap (clarinettes), Claude Tchamitchian (contrebasse) et Ramon Lopez (batterie) lui ont donné vie. (Franck Médioni).
Depuis près de quarante ans le jazz est en état de manque et ce manque est dû à John Coltrane disparu en juillet 1967. Il est relatif cependant. Les ondes continuent de diffuser Coltrane. Chez les
disquaires, dans les bacs à son nom, on trouve coffrets, rééditions et publications inédites. Du côté des musiciens, il inspire les mémoires. Sa présence active et diffuse est indéniable. Peut-être
faut-il désormais l’inscrire dans les mots ?
C’est ce que tente Franck Médioni dans un texte incantatoire qui se veut salutation et célébration aimantées par la voix émouvante, toujours à la limite de la brisure de Denis Lavant. Franck
Médioni est en résonance élective avec la période terminale de l’odyssée coltranienne, celle qui a trait à la proximité du free jazz et à l’émancipation spirituelle. Coltrane y est reconnu comme un
Prométhée, un Dionysos, endossant enfin la parure d’un insaisissable saint. Car Coltrane, averti des philosophies, n’était pas sans savoir que l’ultime de l’art réside dans la saisie du soufflé
primordial et de la danse de l’univers.
Il s’imposait à lui que le continuum du flux sonore ne pouvait être que cosmique et que l’artiste se devait d’être au service de la beauté du monde y compris au travers du chaos. C’est ce dont rend
compte le poème que Franck Médioni scande en seize séquences. Si aucune des improvisations libres ici ne réfèrent à un thème précis de Coltrane – un thème d’Albert Ayler : For John Coltrane, ouvre
l’album –, il est toutefois bien là et inspirant. Et que dire du plaisir d’entendre, entrelacé avec le texte, un retour du free spirit, par le truchement du lyrisme épique des clarinettes de
Sylvain Kassap, des somptueuses lignes de basse de Claude Tchamitchian et des subtiles polyrythmies des percussions de Ramon Lopez ? Sans doute une critique pressée et peu vigilante a-t-elle
contribué à l’effacement du free de la jazzosphère, à son rangement au magasin des accessoires datés. Probable également que l’on a trop vite accepté que les musiques improvisées contemporaines en
soient les uniques dépositaires. Il faudra bien admettre que le free ne demande qu’à renaître et que, tel Coltrane, il n’a cessé d’être animant. En écho à la voix du déchirement qu’incarne Denis
Lavant, le remarquable trio réuni par Franck Médioni nous rappelle que le free est aussi : ‘’Ce qu’on appelle le jazz’’. (Yves Buin).
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M° Voltaire ou Philippe Auguste
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