Surenchère sécuritaire : faut-il arrêter Estrosi ?

Publié le 26 mai 2009 par Letuyo

Le député-maire de Nice multiplie les propositions radicales et veut faire de sa commune un « laboratoire national ». Sa dernière idée : des portiques détecteurs de métaux à l’entrée des écoles primaires !

Des pistolets Taser pour la police municipale, une proposition de loi sur les bandes violentes, bientôt 600 nouvelles caméras de vidéosurveillance à Nice, et maintenant un projet d’installation de portiques détecteurs de métaux à l’entrée des écoles primaires avec en prime la création d’une « brigade de prévention en milieu scolaire au sein de la police municipale » ! Mais jusqu’où ira Christian Estrosi ?

C’est lors d’une visite au commissariat des Moulins, trois jours après qu’une enseignante d’un collège près de Toulouse ait été poignardée par un élève de 13 ans, que Christian Estrosi avait déclaré pour la première fois vouloir « sanctuariser » (verbe utilisé un mois auparavant par Nicolas Sarkozy lors d’un déplacement à Nice) les établissements scolaires avec portiques de sécurité et unité spéciale. Il ne plaisantait pas. Ce vendredi, il a confirmé le plus sérieusement du monde qu’il comptait réellement installer ces détecteurs de métaux à l’entrée des établissements scolaires, y compris les écoles primaires.

Les violences recensées sont en recul

Avec ce type d’appareil, il deviendra quasi-impossible (même pour les grands du CM2) de se pointer en classe avec son « six coups » ou sa Winchester. Pas bien grave puisque les enfants ne jouent plus depuis bien longtemps aux cow-boys et aux Indiens dans les cours de récré. En revanche, on se demande s’il faudra des dérogations spéciales pour amener son compas les jours de leçon de géométrie.

La dernière brillante idée de Christian Estrosi fait déjà des vagues. Décision « démagogique et excessive » commentent les parents d’élèves de la FCPE. « Et pourquoi ne pas, tout simplement, remettre en place ce que l’UMP a supprimé depuis des années ? » demande le conseiller municipal communiste Robert Injey, évoquant « des postes de surveillants d’externat, des postes d’enseignants, un renforcement des moyens et une présence renforcée des adultes pour permettre à nos enfants d’étudier dans des conditions normales ».

A Nice, les problèmes de violence dans les écoles primaires et les collèges sont relativement peu fréquents et ont même tendance à régresser : 8 exclusions l’an dernier contre 21 l’année précédente, et 6 plaintes déposées contre 16, et aucun acte particulièrement grave à signaler. Mais qu’importe, le maire veut agir et le faire savoir : « mon objectif est de positionner Nice en modèle de lutte contre les violences scolaires, un laboratoire national de la sécurité ». Et les Niçois, des cobayes ?