La campagne pour les européennes commence et elle est bien pauvre. J’ai entendu dimanche sur France-Info la générale des Socialistes déclarer qu’au vu des derniers sondages, s’il y avait bien un perdant annoncé aux prochaines élections européennes, c’était bien Sarkozy. Jugez donc : il a été élu avec 53% des voix et voilà son parti crédité de 26 à 28% des voix prochainement ! Un tel aplomb laisse pantois. Je ne suis pas particulièrement fan de la politique autoritaire bonapartiste de l’actuel président. Mais je déplore que le parti qui se proclame l’Opposition-à-lui-tout-seul ait de telles indigences de raisonnement.
- 1/ une élection européenne n’est pas une présidentielle, les enjeux n’y sont pas les mêmes et les institutions sont particulièrement brouillées puisque le Parlement européen ne décide pas de grand chose ;
- 2/ il ne s’agit pas de voter pour ou contre Sarkozy mais d’élire des représentants au Parlement européen pour tenter d’élaborer une politique commune européenne. L’anti-sarkozysme primaire va faire beaucoup de mal au PS car il cache l’indigence manifeste de ses propositions sur l’Europe et l’écart massif entre le jacobinisme franchouillard et presque tous les démocrates européens ;
- 3/ la droite est divisée par François Bayrou qui attire d’autant plus qu’il reste le seul à faire de la politique dans ces élections qui n’intéressent aucun des grands partis nationaux.
- 4/ si l’UMP passe de 53% à 28%, que dire alors des Socialistes ! Décrocher de 47% à 18 ou 20%, ce n’est pas vraiment glorieux… Il reste quand même un tiers de Français de plus à droite et un votant sur cinq seulement qui aime le socialisme.
Mieux ! Il suffit de faire une règle de trois toute simple pour voir ce que masquent ces pourcentages : à droite 28/53×100=52.8 pour cent voix / à gauche 20/47×100=42.5 voix. Ce qui veut dire que Sarkozy garde le même score sur 100 qu’à la présidentielle (53%), tandis que le PS s’effondre littéralement de 47 à 43%. Aucun journaliste de radio n’a réfléchi 30 secondes à l’apparence, reprenant comme vérité révélée l’affirmation polémique de Martine Aubry. Sont-ils hébétés de socialisme immobile comme ils l’étaient hier du soviétisme de plomb ?
La maladresse du gouvernement à réformer par la négociation et l’agitation de son chef sont patentes, mais l’opposition de sa majesté se contente de jouer les mouches du coche. Aucun projet politique pour la France autre que la dépense + l’impôt, aucun plan B européen depuis la défection Fabius, aucune proposition concrète sauf une vague écologie de sentiment pour laquelle on se contente de prôner encore une fois l’endettement d’Etat. La gauche, pardon du peu, c’est la communauté réduite aux Zacquis. Il y a un groupe sur fesses-bouc qui s’élève ‘Contre ceux qui bloquent la file de gauche dans les escalators’ – le PS me fait la même impression. Vous parlez d’un avenir !