L’analyse des chiffres des derniers sondages sur les élections européennes me semble, malgré mon peu d’intérêt pour cette élection, fort intéressante.
Que révèle-t-elle ?
D’abord, pour l’instant, un énorme taux d’abstention, vraisemblablement de l’ordre de 60% qui montre le peu d’intérêt, à mon avis largement justifié, des français pour cette assemblée sans grands pouvoirs, d’une communauté européenne ancrée dans les dogmes économiques libéraux. Une élection faite donc avant tout pour occuper et amuser la galerie et donc que personnellement je refuse. Ce taux d’abstention est signifiant et devrait sérieusement interroger les euro-béats.
Mais ces sondages montrent aussi (du moins en ce qui concerne les 35 à 40% de gens déclarant vouloir voter), malgré des cris de victoire de l’UMP, une nette poussée de la gauche qui atteint ou dépasse, selon les sondages, toutes tendances confondues 45% des voix alors que la somme des voix de droite, incluant le Front National, n’atteint pas les 40%. F. Bayrou, qu’il est difficile de classer en ce moment dans l’un ou l’autre camp atteignant les 13 à 14%.
Dans ce contexte d’une poussée des voix à gauche, on assiste à la poursuite de l’effritement du PS, malgré un contexte qui devrait lui être globalement favorable, et à une recomposition à gauche, ce qui ne lui facilitera certes pas la future échéance présidentielle, hors révision radicale de ses pratiques.
Je déclarais sur ce blog, il y a déjà quelques mois que le PS s’était transformé en simple machine électorale, plus préoccupée d’avoir des élus que de proposer alternativement et s’opposer politiquement. Je disais que le passage si aisé d’un certain nombre de ses personnalités, avec armes et bagages, dans le camp sarkozien ne pouvait s’expliquer que parce que ce parti avait capitulé idéologiquement et culturellement face à la droite et au néo-libéralisme, notamment sur la construction d’une Europe libérale. Je faisais le pari, osé, qu’il était en train de lui arriver ce qui était arrivé au PCF depuis les années 80 ou au Parti Radical au lendemain de la dernière guerre.
Dans ce contexte où la crise financière et économique dévoile la faillite des idéologies libérales, voter pour une Europe où elles triomphent serait imbécile et le PS, dont les députés et sénateurs ont fait passer le Traité simplifié sarkozien, en fait logiquement les frais. Je lisais dernièrement, je ne sais plus où, que si le Président Chavez ou Vladimir Poutine avaient escamoté, sur le même mode que la nomenklatura politique française, les résultats d’un référendum démocratique, la presse du monde entier aurait crié au scandale. Et pourtant Sarkozy l’a fait, avec la complicité d’une majorité des élus socialistes et verts.
Le PS ne résiste, encore aujourd’hui, comme les radicaux d’alors et le PCF d’il y a 20 ans, que par son appareil, son réseau d’élus nationaux et locaux élargi à leurs leurs collaborateurs, quelques militants et enfin le gros morceau des “cartes” que l’on mobilise pour les investitures et la claque aux meetings. Sa totale acceptation du “spectacle” politico-médiatique continue et va continuer à élargir le fossé qui le sépare maintenant, vraisemblablement irrémédiablement, de ce qui fût son “électorat naturel”.
Nous sommes quelques-uns, de plus en plus nombreux, à attendre que cette recomposition s’approfondisse, que quelque chose se passe, changeant ce paradigme politique démocratiquement moribond.
- Toujours sur la méningite niçoise. Hier, réunion de la DDAS, l’Institut et, en colère, environ 80 parents. Pour la direction, manifestement gênée, Nice-Matin n’a pas été objectif. Le dépôt de plainte d’un parent est confirmé.
- L’analyse du dernier ouvrage de F. Bayrou. Décapant! ARVH.
- Le dossier Tarnac-Coupat sur Le Monde.
- Qu’est ce qu’un étudiant ? Histoires d’universités.
- “Le manège de la sécurité”. Le Monde. Tout à fait ce que je pense, mais mieux dit…
- Estroseries. Blog de X. Garcia.
- Procès de la scientologie: “Il n’y aura pas d’accusation à ce procès, puisque le parquet avait requis en 2006 un non-lieu, estimant que les prévenus avaient agi de bonne foi en raison de “convictions religieuses”“. Reuters/Le Monde.
- Après la crise, on recommence ? Le Monde. Voir aussi: “On ne peut réformer dans l’opacité et en stigmatisant les individus”, sur le même journal.
- Le mécanisme de l’escroquerie à étages des subprimes US. Eco 89.
- L’évènement politique du printemps: l’interview de Julien Coupat dans Le Monde. “Le Prince n’a plus d’autre soutien que la peur qu’il inspire quand sa vue n’excite plus dans le peuple que la haine et le mépris”. Une hauteur de vue qui dépasse, et de loin, celle des poteaux électriques du TGV. Il reste heureusement de vrais jeunes qui pensent. J’avais parlé de “L’insurrection qui vient” là , avec le lien pour télécharger l’ouvrage.
- Les résultats calamiteux de la politique sarkozienne en 2008. Le Monde. Et ils veulent faire porter le chapeau à la crise, ce que réfute la Cour des Comptes.