Citoyens !
Je vais vous livrer mon opinion. C’est rare par ici de sombrer dans l’humeur, mais enfin je n’en peux plus.
Et ça concerne les élections pseudo-européennes.
“Europe, je te condamne !” semblent crier les perdants de la modernité. Les autres se taisent, de toutes façons :
“S’ils conçoivent que l’Europe “apporte beaucoup à d’autres catégories plus favorisées”, les ouvriers de la “Peuge” ne s’y reconnaîtront que si elle s’intéresse à eux “et pas au business”, tranche Annick. “On la ressent comme une menace pour nos emplois, une nébuleuse qui organise la concurrence entre salariés, où le néfaste l’emporte sur le positif”, dit Pascal Meyer.”
Étrange style médiatique et vindicatif (nouveau et ancien) : ce qui semble distant a tout d’un coup un nom bien concret. “Europe”, comme bouc émissaire de nos plaies, de nos souffrances, et de nos contradictions. Mais aussi comme un fils prodigue qui n’aurait pas accompli ce qu’il doit et peut réaliser.
Car il s’agit bien de cet écart-ci : entre la représentation que l’on se fait de cette Europe, et surtout celle que l’on ne fait pas. Et pourquoi ne peut-on pas se la faire, cette idée de l’Europe-ci ?
- parce que les élus et candidats nationaux court-circuitent la nécessaire conversation entre la question européenne et le citoyen local
L’UMP tient la dragée haute à la perte de sens de cette Europe : “Pour mobiliser son électorat sans réveiller celui de ses adversaires, la majorité compte imposer des thèmes chers à la droite, comme le non à la Turquie et l’immigration”. Quand il n’y a pas de clivage ni de nouvelles idées, alors allons retrouver le thème de l’ennemi, surtout s’il est distant et différent.
Le PS et Martine-va-t’en-guerre de jouer la carte de la non-élévation : “La seule leçon que l’on peut tirer de ces sondages, c’est que la défaite annoncée va vers le parti du président de la République. La liste UMP est la seule en France qui défende sa politique“. Faux et archi-faux : c’est le pêcheur qui va prendre son billet pour Quimper. A force de tirer sur la corde locale, on préfère éviter la quinzième édition de la brocante du village
- parce que le débat européen qui s’élève au niveau de Bruxelles semble y rester
Il faut être diplômé de 3ème cycle pour arriver à peut-être saisir les enjeux qui se trament par là-bas. Et encore. Même ceux qui font au quotidien un travail de pédagogie intense semble déserter la place publique des élections européennes. Je reprends un autre de ces politistes : ” Sur quelles bases faut-il donc débattre de l’Europe ?”
- parce que le populisme négatif a imprégné la campagne de sa marque
“Le site Parlorama.eu qui classe les eurodéputés selon leur présence est enfin réouvert”. Courrons-y donc. Ou pas. Et qu’on en a appelé au peuple en le tirant une nouvelle fois par le bas : le sexe sauvera-t-il les élections européennes ? Oh non, oh non !
Et pourtant tout semble bien parti :
- on widget-ise à mort :
- on avait tous les outils de suivi des débats et des discussions, on pouvait même se faire des profils-types
- Obama avait parait-il fait une campagne 2.0
Mais alors qu’est-ce qui nous manque, à nous, citoyens ingrats de trop recevoir de soleil (”coquin de sort” dirait mon grand-daddy) :
une proposition de valeur, politique celle-ci. Une proposition qui te prenne le matin au réveil, qui te donne envie d’aller te réveiller pour une cause, pour quelques idées. Une proposition où tu puisses dire “Oui”, ou “non”, mais pas “ni oui” “ni non”.