Aujourd’hui, malgré le beau temps, je suis de mauvaise humeur. Pourquoi ? Non parce que vous m’avez dit qu’il fallait que je refasse ma bannière (ouais, je sais, vous avez raison, je ne peux le nier) mais parce que je suis une victime passive d’une machine de torture infernale : les escarpins.
Ce matin, je me lève, il fait bon et en temps que fille solaire que je suis, me voilà de bonne humeur. Et hop, on fait péter la tunique rose fuschia et le pantalon gris (parce que je suis pas assez bien épilée pour plus court) et pour parfaire ma tenue, je décide de mettre mes jolis escarpins. Il faut savoir que cette paire de chaussures est mienne depuis deux ans mais depuis quelques temps, je ne sais pas pourquoi mais elle se rebelle et m’inflige la torture dit de la marche sur tisons brûlants. En gros, quand je les ai aux petons, j’ai l’impression que ma voûte plantaire n’y survivra pas, pas plus que mes petits orteils tout écrasés par la forme pointue du dit escarpin.
Or aujourd’hui, j’ai marché et beaucoup. Déjà, il faut savoir que sur les 20 minutes qui séparent mon domicile de mon bureau (OUI, je suis une privilégiée), je marche 15 minutes. On rajoute à ça 5 bonnes minutes de marche pour chercher un arrêt de bus (tu peux pas faire des plans AVEC noms de rue, ratp.fr de mes fesses), 10 minutes de marche car j’ai raté mon arrêt (tu peux pas équiper tous tes bus de la dame qui parle, foutue ratp), re 10 bonnes minutes de marche car le chauffeur ne s’est pas arrêté à mon arrêt au retour(juste : connard !). Donc tu comptes, j’en suis à facile 40 mn de marche avec des chaussures qui me font mal et en plus, il fait 30° et mes pieds ont envie de prendre leurs aises. Et dans leur gaine de cuir, c’est juste pas possible. Je sens que depuis ma virée de ce midi (pour un super déj au parc Monceau), ils me haïssent.
Au-delà de l’anecdote bouleversifiante de passion, de drame et d’intérêt, je me pose une question essentielle. Pourquoi les concepteurs de chaussures nous détestent à ce point, nous, femmes. Oui, les talons, c’est joli, ça fait le mollet galbé, je suis d’accord. Mais est-ce pour autant que je dois torturer mes pieds ? Parce qu’à mes orteils, ça leur fait une belle jambe le mollet galbé. Je pourrais avoir honte de la phrase précédente mais à 30° (et même plus dans le bureau), je ne ressens plus aucune émotion. Donc avoir le mollet galbé, gagner quelques centimètres, jusque là, ok. Mais pourquoi, POUR-QUOI on insère nos pauvres petons dans ces gaines de cuir rigides et implacables qui nous cisaillent les orteils, chauffent la plante des pieds et font pousser les ampoules comme des champignons sur les fraises qu’on n’a pas mangées le soir même de leur achat.
Là, voyez vous, j’ai conscience qu’il va me falloir des chaussures d’été. Et je pleure déjà à l’idée de la souffrance que je vais devoir endurer le temps que je les fasse. Et ça m’éneeeeeeeeerve. Bon, je ne sais pas marcher sur des talons de 12 dès le départ mais est-ce que je pourrais pas avoir le beurre (les centimètres en plus, le mollet galbé) et l’argent du beurre ( des chaussures aussi confortables que des baskets ) ? Et alors je vous interdis de me sortir le débilissime : « faut souffrir pour être belle ». Non mais qui peut prétendre que je suis belle avec ma trombine défigurée par une grimace de douleur et la démarche d’un girafon de quelques heures ? Non et puis mes pieds, j’en ai besoin tous les jours.
Alors messieurs les tortureurs de pieds, je vous préviens, je ne cèderai pas, je n’achèterai pas les immondes spartiates sur talons de 15 qui doit donner envie de s’arracher les pieds, je ne souffrirai pas quotidiennement. Et puis imaginez le fric que vous gagnerez en faisant des chaussures esthétiques ET confortables.
La femme du XXIe siècle ne souffrira plus pour être belle. Point.