Auteur: Arthur Phillips
Titre original : Angelica
Éditeur : Le Cherche Midi
1ère édition : 2007
Nb de pages : 422
Lu : mai 2009
Ma note:
Résumé
Un récit diabolique, en forme de puzzle, d’une intelligence effrayante, par un maître de la manipulation.Londres, 1880. La maison Barton est au bord de la criseDepuis que le père,Joseph, obscur biologiste, a décidé que sa fille de 4 ans, Angelica, devait désormais quitter la chambre de ses parents pour aller dormir seule dans la sienne,de mystérieux événements se produisent. Constance, la mèred’Angelica, qu’un retour à l’intimité conjugale ne réjouit guère,sent une menace planer sur sa fille. Au grand dam de Joseph,qui ne veut rien entendre.Quand Constance fait appel à AnneMôntague, une ancienne actrice reconvertie dans le spiritisme,pour veiller sur Angelica, le quatuor est en place pour un drame dont il serait criminel de dévoiler l’argument.Les quatre protagonistes relatent chacun leur tour les événements qui suivent, quatre versions qui parfois s’accordent, parfois secontredisent, chacune jetant une lumière nouvelle,mais aussi une part d’ombre, sur les personnages, leurs peurs, leurs désirs et leurs secrets.Avec Angelica, Arthur Phillips, nouvel enfant chéri des lettres américaines, nous offre une brillante relecture du roman victorien. Le lecteur, mi-enquêteur, mi-psychanalyste, participe activement à ce récit labyrinthique, derrière les lignes duquel il doit essayer de percevoir la vérité avant le coup de théâtre final, tous les indices disséminés dans le livre apparaissant alors en pleine lumière. Un coup de maître.
Mon avis
Aaaahh ! Je suis encore toute pantelante quand je repense à ce roman achevé cette nuit seulement. Le résumé est excellent, il en dit juste assez mais ne dévoile rien, tout en restant honnête. Les amateurs du Tour d’écrou d’Henry James ne pourront que se pâmer, car Arthur Phillips, auteur inconnu à mon bataillon, signe là une pure merveille psychologique qui en a bien des aspects. Le livre se découpe en quatre chapitres, de longueur inégale, consacrés chacun à l’un des principaux protagonistes. Dès la fin du premier chapitre on devine l’identité du narrateur, on en apprend beaucoup et il reste peu de mystère, et pourtant la suite n’en est que plus captivante, car on trépigne d’impatience à l’idée de lire comment les autres personnages ont perçu l’histoire. L’auteur nous perd et nous rattrape avant de nous reperdre dans des suppositions, des illusions. Le style employé m’a paru très pointu, raffiné, tout à fait en phase avec la période traitée, mais le récit coule tout seul. La société victorienne est parfaitement illustrée et les personnages sont bien ancrés dans cette période. Leur psychologie est très poussée, rien n’est laissé au hasard, tout est cohérent, d’une limpidité renversante. Leur passé, conscient et inconscient détermine leurs actes et leur interprétation de la réalité. Ce roman n’est ni un thriller, ni un récit fantastique, tout en étant les deux ! Il reste des zones d’ombres qui nous empêche de décider d’une explication définitive, tout reste possible dans le monde du souvenir, surtout quand celui-ci est faussé par des tas de facteurs extérieurs. Ou pas.
Grande révélation donc en ce qui me concerne, un pur bonheur !