Ce soir, le Président de la république parlera non seulement sur France 2, mais aussi sur TF1, comme il l'a décidé il y a quelques jours. Cette occupation des ondes hertiziennes ne va pas sans poser problème...
Certes, Nicolas Sarkozy a décidé qu'il communiquerait plus que ses prédécésseurs, ce qui n'est pas forcément un mal. Il communique donc, il communique partout et tout le temps, à tel point que des "journées sans Sarko" existent ici où là, pour montrer le ras le bol de l'occupation des médias par Nicolas Sarkozy et ses équipes.
Le Président, avant l'été, avait reçu TF1 à l'Elysée pour un long entretien. A cette occasion, il avait dit à France 2 que la prochaine fois, ce serait son tour (oui, parce que France 2 faisait un peu la gueule). Ce devait donc être le cas ce soir, mais il a été finalement été décidé que le président n'aurait pas assez d'audience s'il ne parlait "que" sur la chaîne publique. On a donc réquisitionné les deux chaînes. C'est là qu'il y a problème... Nous sommes dans le cas où trop de communication tue la démocratie. Certes, on peut toujours zapper sur une autre chaîne, et regarder par exemple "Etes-vous plus fort qu'un enfant de 10 ans" sur M6 (ne voyez aucun rapport entre ce titre et le Président sur les autres chaînes), mais on sait qu'une majorité de téléspectateurs va regarder la première ou la deuxième chaîne...
Et n'oublions pas, par ailleurs, les excellents rapports entre les dirigeants de TF1 et Nicolas Sarkozy, qui ont dû jouer un rôle dans le fait que le Président parle aussi sur la chaîne privée.
Si la liberté d'expression est un des piliers de la démocratie, on constate ici que l'abus de pouvoir peut mener à des excès de communication, et donc produire l'effet inverse que celui quui est recherché. Car à trop communiquer, on risque de faire plus que lasser, on risque d'énerver, d'exaspérer.
En tout cas, n'espérez pas ce soir à 20 heures être informés de l'état du monde. Ou du moins, vous le serez par le Président de la république, comme au temps ou Alain Peyreffite se rendait dans le journal de Léon Zitrone pour présenter aux téléspectateurs le nouveau journal télévisé.
Cela vous fait peur ? Franchement, moi aussi.