Tombée sur ce Blog par hasard, Ainsi font font font, je voulais vous montrer la belle chambre que cette Super Maman a préparé pour ses bébés (des triplés !).
Voici un poème que je voudrais vous fait découvrir et que je voudrais vous faire lire, personnellement, je l'ai beaucoup aimé sur le rôle des Parents... (en ces temps de fête des Mères et des Pères !).
Robert Lamoureux, L'Éloge de la Fatigue
Vous me dites, Monsieur, que j'ai mauvaise mine,
Qu'avec cette vie que je
mène, je me ruine,
Que l'on ne gagne rien à trop se prodiguer,
Vous me
dites enfin que je suis fatigué.
Oui je suis fatigué, Monsieur, et je m'en
flatte.
J'ai tout de fatigué, la voix, le coeur, la rate,
Je m'endors
épuisé, je me réveille las,
Mais grâce à Dieu, Monsieur, je ne m'en soucie
pas.
Ou quand je m'en soucie, je me ridiculise.
La fatigue souvent n'est
qu'une vantardise.
On n'est jamais aussi fatigué qu'on le croit !
Et quand
cela serait, n'en a-t-on pas le droit ?
Je ne vous parle pas des
sombres lassitudes,
Qu'on a lorsque le corps harassé d'habitude,
N'a plus
pour se mouvoir que de pâles raisons...
Lorsqu'on a fait de soi son unique
horizon...
Lorsqu'on a rien à perdre, à vaincre, ou à défendre...
Cette
fatigue-là est mauvaise à entendre ;
Elle fait le front lourd, l'oeil morne,
le dos rond.
Et vous donne l'aspect d'un vivant
moribond...
Mais se sentir plier sous le poids formidable
Des
vies dont un beau jour on s'est fait responsable,
Savoir qu'on a des joies ou
des pleurs dans ses mains,
Savoir qu'on est l'outil, qu'on est le
lendemain,
Savoir qu'on est le chef, savoir qu'on est la source,
Aider une
existence à continuer sa course,
Et pour cela se battre à s'en user le
coeur...
Cette fatigue-là, Monsieur, c'est du bonheur.
Et sûr
qu'à chaque pas, à chaque assaut qu'on livre,
On va aider un être à vivre ou
à survivre ;
Et sûr qu'on est le port et la route et le quai,
Où
prendrait-on le droit d'être trop fatigué ?
Ceux qui font de leur vie une
belle aventure,
Marquant chaque victoire, en creux, sur la figure,
Et
quand le malheur vient y mettre un creux de plus
Parmi tant d'autres creux il
passe inaperçu.
La fatigue, Monsieur, c'est un prix toujours
juste,
C'est le prix d'une journée d'efforts et de luttes.
C'est le prix
d'un labeur, d'un mur ou d'un exploit,
Non pas le prix qu'on paie, mais celui
qu'on reçoit.
C'est le prix d'un travail, d'une journée remplie,
C'est la
preuve, Monsieur, qu'on marche avec la vie.
Quand je rentre la
nuit et que ma maison dort,
J'écoute mes sommeils, et là, je me sens fort
;
Je me sens tout gonflé de mon humble souffrance,
Et ma fatigue alors est
une récompense.
Et vous me conseillez d'aller me reposer
!
Mais si j'acceptais là, ce que vous me proposez,
Si j'abandonnais à
votre douce intrigue...
Mais je mourrais, Monsieur, tristement... de
fatigue.