Les pieds dans le plat

Parfois, il arrive que je mette les pieds dans le plat. Et quand je le fais, je ne fais pas semblant : j'y vais fort, j'essaie de me rattraper aux branches mais, au final, je m'enlise encore plus et mon cas devient vraiment irrécupérable. Comme, par exemple, cette fois où, au lycée, je discutais avec une fille de la prof que j'avais eue l'année précédente qui était "naze, incompétente, pas sympa" et j'en passe... et cette fille m'a alors avoué qu'elle était la fille de la dite prof... Oups !... Je ne comprends pas, elle ne m'a plus jamais adressé la parole...
Ce qui me rassure, c'est que je ne suis pas la seule à mettre les pieds dans le plat ou à dire des choses blessantes, involontairement.
Quand nous avons fait notre journée de préparation à l'enterrement de vie de jeune fille de ma meilleure amie, l'une des témoins a commencé à raconter son mariage et de ses invités : "On avait invité pas mal de monde... et surtout, on a encouragé les gens à venir accompagnés; même ceux qui étaient en couple depuis peu de temps, ou qui vivaient une simple amourette étaient invités en couple. Il nous semblait important que chacun vienne accompagné. Non, parce que, franchement, les mariages, seul, c'est pas terrible. C'est beaucoup mieux quand tu as quelqu'un avec qui partager ce moment... et puis, face à l'amour toujours exponentiel dans les noces, ça fait du bien de se sentir aimé... et puis..."
Je crois que c'est à ce moment-là qu'elle a dû croiser mon regard de mérou décomposé et qu'elle s'est rendue compte que j'étais plus que concernée par ses paroles : "Oh mon dieu, MC !... Punaise... Excuse-moi... Je ne pensais plus du tout que tu étais seule !... Je suis désolée... Tu n'es pas vexée, hein ?... Pardon, pardon, pardon"... Gloups... Et là, je l'ai vue devenir verte, rouge, jaune, bleue, rose à pois oranges... Elle s'est confondue en excuses.
Et moi, je me suis repris en pleine face les angoisses que j'essaie d'étouffer depuis que je me rends compte combien ce mariage approche vite. J'adore ma meilleure amie, son mariage me transporte de joie. Je suis ravie pour elle et le futur marié. Aucun doute possible sur ça. Je sais aussi que je vais pleurer d'émotion à leur mariage parce qu'un tel moment est émouvant, surtout quand il concerne des gens qu'on aime fort. Ce sera des pleurs de joie, pas de regrets ou de peine.

Ce n'est pas de la jalousie, ce n'est pas l'envie de faire comme les autres, ce n'est pas de l'envie... Je vis seule depuis 3 ans, entrecoupés d'histoires plus ou moins intéressantes, et je m'assume... sans aucun problème... Je n'ai pas besoin d'un homme pour (sur)vivre. D'ailleurs, je me fais de plus en plus la réflexion que je suis très bien seule, que je me demande comment je ferais si j'avais un homme, en plus, dans ma vie...

Mais, me retrouver face à tout cet amour encore plus débordant que d'habitude alors que j'ai quelques mois de désert sentimental au compteur, ça m'effraie un peu (surtout quand on sait que ça fait des mois que je fuis les soirées où il n'y a que des couples !). Je sais pertinemment que ça ne fera que me renvoyer à mon célibat. Je suis sûre que je le gérerai parfaitement sur le moment : je l'ai fait pour le mariage de mon meilleur ami, et pour les deux autres mariages que j'ai faits depuis je suis célibataire. Mais, je me doute aussi qu'au moment où je vais monter dans ma voiture pour rentrer chez moi, la pression va retomber et ma solitude va m'exploser au visage : après avoir baigné toute la journée dans de l'amour, après avoir été cernée par les amis sans arriver à trouver deux minutes de calme, je serai encore seule... comme d'habitude...
C'est là que la troisième témoin a sursauté...

• "Attends, MC, j'ai au moins un cavalier pour toi !
• Quoi ? [et là, je reprends mon regard vif, ma langue pendante et ma bave au coin des lèvres]
• Oui, il y a mon pote au mariage... Il est trop charmant, vraiment, et en plus, il est trop sympa. Il pourrait être ton cavalier....
• Euh... [J'ai hésité à poser l'éternelle question "Et il est célibataire ?"]
• Par contre, MC, désolée, mais il est homo... donc, tu passes ton tour 

Et ben voilà : deux célibataires au mariages, mais deux choses impossibles : l'un est homo, l'autre a le charisme d'un beignet. Bien bien bien.
Du coup, je vais compenser cette recherche inefficace de cavaliers par une recherche en bonne et due forme de tenue pour le mariage... et d'une nouvelle paire de chaussures, of course !!! Je ne compte pas aller au mariage en jogging-basket.
Ne nous laissons pas abattre !