En plein cœur des marais de la Louisiane, le détective Dave Robicheaux (Tommy Lee Jones) découvre le corps sauvagement mutilé d’une jeune femme. Rapidement, notre enquêteur en vient à soupçonner "Baby Feet" Balboni (John Goodman), le caïd du coin qui chapeaute notamment un vaste réseau de prostitution. Dave Robicheaux va aller de surprise en surprise lorsqu’il rencontre, à l’occasion d’un banal contrôle routier, les stars hollywoodiennes Elrod Sykes (Peter Sarsgaard) et Kelly Drummond (Kelly MacDonald) tournant dans une superproduction financée justement en grande partie par "Baby Feet". Elrod Sykes va mener Robicheaux à une nouvelle découverte macabre : le corps livide et enchaîné d’un homme conservé depuis des dizaines d’années dans les eaux poisseuses de la Louisiane… Travaillant sur une double enquête, Robicheaux devra ruser s’il veut délier les langues les plus récalcitrantes et découvrir la vérité sur deux meurtres crapuleux.
Si vous étiez plutôt sceptique sur la question, des films comme "Trois enterrements" (2005), "Dans la vallée d’Elah" (2007) et "No Country for Old Men" (2008) nous ont bien démontré que Tommy Lee Jones joue impeccablement bien les justiciers solitaires accompagnés, pour seul arme, de leur longue expérience et de leur instinct légendaire. Avec son nouveau film intitulé "Dans la brume électrique" ("In the Electric Mist"), Jones ne renouvelle pas foncièrement son jeu d’acteur mais exploite une nouvelle fois des traits de personnalité (la ténacité, l’intellect, la rage,…) qu’il manie aussi bien qu’un magicien roublard sortant, lors de chaque tour, un lapin de son chapeau.
Ceci étant, "Dans la brume électrique" n’est pas nécessairement très original. Ce thriller majoritairement aseptisé de toutes images sanglantes et érotiques - que l’on rencontre généralement dans ce genre d’intrigue -, nous offre donc, premièrement, un Tommy Lee flic/justicier comme on l’a souvent vu auparavant. Ayant un impact judicieusement pesant et mystique sur la narration du film, le décor urbain (La Louisiane) reste pourtant assez convenu : des marais inquiétants et sanguinolents, de mystérieuses brumes dissimulant crimes et assassins, des petites localités du sud des Etats-Unis ressassant un racisme historico-guerrier,… ça fonctionne toujours bien à l’écran (surtout dans un polar ou un thriller) mais ce patchwork-là n’est pour ainsi dire pas révolutionnaire !
C’est sans doute le principal grief que l’on peut mentionner à l’encontre de ce film qui n’en demeure pas moins plaisant. Baigné par les récents évènements tragiques de l’ouragan Katrina - un peu à la manière d’un "Déjà-Vu" notamment -, le réalisateur frenchy Bertrand Tavernier gère assez bien l’inévitable pression qui devait planer sous ses épaules et nous propose une mise en scène soignée tout en dirigeant des acteurs qui ont déjà fait leur preuve par le passé.
Si le personnage du Big Boss du porno et de la pègre - qui tente en apparence de se racheter une conduite - va comme un gant au revenant John Goodman, Peter Sarsgaard reçoit le rôle de l’acteur alcoolo et insouciant accompagné, pour l’occasion, de la charmante Kelly MacDonald vue notamment dans "Neverland", "Nanny McPhee" et "No Country for Old Men". Bon petit polar refusant de sombrer dans la surenchère d’artifices gores ou érotiques, "Dans la brume électrique" nous offre, au final, une nébuleuse enquête ponctuée ou entachée (c’est selon) de zones d’ombre indécrottables...
Par exemple, on ignore le sort réservé finalement à certains protagonistes !? Il est vrai que le gros du spectacle tourne majoritairement autour de la mine patibulaire et volontaire de Tommy Lee Jones ! Certaines parts du mystère demeurent donc décidemment bien cachées dans la brume & l’on en ressort, c’est vrai, avec un petit arrière-goût de trop peu. Dommage pour un film si prometteur !
Finalement, l’enquête de l’inspecteur Robicheaux aurait pu être vite bouclée si les langues s’étaient déliées plus rapidement. Il est assez frustrant de constater que les surprises et coups de théâtre manquent dès lors où notre "super-enquêteur" arrive, dès les premières minutes du film, à percer un sac de nœuds bien maigrelet !
La bande-annonce…