Dans son discours de Saint-Jean-de-Latran du 20 décembre 2007, Nicolas Sarkozy jugeait "dommageable" que les diplômes des universités catholiques ne soient pas reconnus par l'état français. L'allocution de notre chanoine honoraire avait alors soulevé bien des critiques. Mais le "dommage" est maintenant réparé. Dans un communiqué, Bernard Kouchner précise que « cet accord a pour objet de reconnaître la valeur des grades et des diplômes canoniques (théologie, philosophie, droit canonique) ou profanes délivrés par les établissements d’enseignement supérieur catholiques et reconnus par le Saint-Siège et de faciliter les différents cursus universitaires »
Sur le site national du Parti radical de Gauche, Jean-Michel Baylet, son président, écrit : « Dans la conception qu’en ont toujours eue les radicaux, le principe de laïcité n’est absolument pas une pensée de combat anti-religieuse. C’est, au contraire, la vision d’un rempart de neutralité absolue protégeant toutes les institutions publiques – et spécialement l’école – contre les influences confessionnelles certes, mais aussi économiques ou partisanes. Selon cette approche, c’est la laïcité elle-même qui garantit le libre exercice des choix de conscience, notamment des choix religieux par des citoyens librement éclairés. Telle est la philosophie qui nous permet aujourd’hui encore, pour ce qui concerne la France, d’affirmer que l’école libre est l’école de la République.
En application de ce principe, l’État détient le monopole de la délivrance des diplômes, monopole qu’il exerce, pour l’enseignement supérieur, par le biais des universités publiques. Hors le cas des départements concordataires d’Alsace-Moselle, les instituts d’enseignement supérieur privés existant en France doivent faire valider leurs formations profanes (l’enseignement théologique n’étant à l’évidence pas de la compétence de l’État) par des universités publiques ou par des jurys installés par l’autorité étatique.
Tout aurait pu continuer ainsi, à la satisfaction des parties concernées, sans la volonté du chef de l’État, exprimée dans son fameux discours de Latran, de replacer l’identité collective et républicaine française dans une sorte de berceau chrétien, ou encore de matrice catholique, renvoyant à égalité les figures emblématiques du curé et de l’instituteur, incarnations de la foi et de la raison…
…Le monopole de délivrance des diplômes constitue une garantie concrète de l’égalité entre les étudiants d’une part, entre leurs professeurs d’autre part. C’est aux mêmes critères, à la même aune, que l’autorité publique évalue la qualité des formations universitaires. Cette règle d’égalité est aujourd’hui rompue puisqu’une simple habilitation par le Saint Siège, dont on comprend bien qu’elle peut être accordée sur des critères non scientifiques, vaut reconnaissance par l’État de certains diplômes…
…Mais le paradoxe est peut-être ailleurs : la rupture opérée par le décret du 19 avril dernier porte atteinte à la liberté des institutions d’enseignement catholique elles-mêmes. Être strictement laïque ne signifie pas être intégriste de la laïcité et, pour les radicaux (qu’on se rappelle les controverses entre Clémenceau et Jaurès !) l’enseignement peut n’être pas public. Il doit toutefois éclairer les consciences. Or en étendant l’accord aux enseignements profanes, la France a remis sous l’autorité canonique mais aussi « scientifique » du Vatican des institutions qui s’accommodaient mieux du contrôle tolérant de l’État que des injonctions vétilleuses de l’église catholique. Un seul exemple en convaincra : les cinq « cathos » françaises devront-elles demain traiter à parts « scientifiques » égales le créationnisme et l’évolutionnisme ?
Allons, il est encore temps de reculer et de renoncer à ce funeste accord. Temps aussi de dire aux autorités de l’État que, dans une République conséquente, la loi doit respecter la foi mais la foi ne doit pas dicter la loi. »
Je ne suis pas toujours d'accord avec Baylet mais en l'occurrence, son texte me va bien.