Nous avons eu le privilège le 5 mai dernier d’assister à la conférence de presse organisée au musée du quai Branly à Paris pour découvrir en avant-première quelques extraits du film HOME de Yann Arthus-Bertrand, coproduit par Elzevir Films (Denis Carot) et EuropaCorp (Luc Besson) et financé en grande partie (10 millions d’euros sur un budget total de 12 millions) par le groupe PPR (François-Henri Pinault). Tous les quatre étaient présents, ce qui a permis d’avoir un éclairage intéressant sur la genèse du film, grâce aux échanges qui ont été possibles avec eux.
Le synopsis : "En quelques décennies, l’homme a rompu un équilibre fait de près de 4 milliards d’années d’évolution de la Terre et met son avenir en péril. Le prix à payer est lourd, mais il est trop tard pour être pessimiste : il reste à peine 10 ans à l’humanité pour prendre conscience de son exploitation démesurée des richesses de la Terre et changer son mode de consommation. En nous offrant les images inédites de plus de 50 pays vus du ciel, en nous faisant partager son émerveillement autant que son inquiétude, Yann Arthus-Bertrand pose, avec ce film, une pierre à l’édifice que nous devons, tous ensemble, reconstruire." ... et une sacrée pierre, puisqu’il a fallu 3 ans et 700 heures de rush à YAB pour faire ce film, dont le contenu scientifique est majoritairement tiré des analyses et des travaux de Lester Brown, adaptés par le minutieux travail d’Isabelle Delannoy, experte environnementale, qui a réalisé le commentaire du film et contribué à son scénario.
La particularité de HOME est sa sortie mondiale le 5 juin à l’occasion de la journée mondiale de l’environnement, en simultané au cinéma et en DVD à prix coutant, sur une soixantaine de chaînes de télé et en streaming gratuit sur Youtube pendant une dizaine de jours (Google est partenaire de l’opération, Mats Carduner, le PDG pour la France, en a détaillé les modalités), le tout en cassant la sacro-sainte "chronologie des médias" chère à la profession : l’objectif est de faire visionner le film au plus grand nombre, donc avec le moins de contraintes économiques possibles, souhait cher à Yann Arthus-Bertrand. Le film sera donc présenté lors de cette journée mondiale de l’environnement à Mexico, car il est soutenu par l’UNEP (Programme des Nations Unies pour l’Environnement). YAB a indiqué avoir bénéficié du conseil d’Al Gore, qui a vu le film et lui a indiqué la "bonne" manière de communiquer sur les nombreux chiffres angoissants qui émaillent les commentaires de ce documentaire, ce qu’il résume en disant : "On ne veut pas croire ce que l’on sait pourtant". A noter également que 20000 DVD seront envoyés aux écoles par la ligue de l’enseignement, selon les dires de YAB.
Ce film a donc été largement financé par le groupe PPR sous l’impulsion de François-Henri Pinault, son PDG, à qui le projet a été présenté en juin 2007, et pour lequel il a immédiatement donné son OK, alors qu’il était en train de mettre en place une direction RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) au sein du Groupe. "Ce projet nous a forcé à avancer avec les 88000 collaborateurs du Groupe, car en tant que contributeur majeur dans la chaîne de production, il est de notre devoir de prendre conscience de la nécessité de progresser dans la responsabilité sociale et environnementale que nous avons vis à vis de la planète. Nous avons le pouvoir d’agir sur le destin qui nous attend si nous ne faisons rien. C’est pour nous une opportunité inouïe de permettre la mise en oeuvre d’une nouvelle économie, sans recherche de profit immédiat, mais avec plus de sens, que nous recherchons tous aujourd’hui.". Voilà bien résumé le credo d’INAKIS depuis sa création en 2007...
Pour Luc Besson, "C’est un message commun pour le 5 juin, pour moi ce n’est pas un film qui doit recevoir ou pas les critiques ou les louanges, il me paraît important que nous sortions de ce type de débat, c’est la raison pour laquelle exceptionnellement nous avons choisi de ne pas le montrer intégralement à la presse d’abord".
Le film est, on peut s’en douter si l’on garde en mémoire le désormais culte "Une vérité qui dérange" d’Al Gore, un nouveau signal d’alarme sur la menace qui pèse sur l’avenir à court terme de notre planète. Il se termine cependant sur un dernier quart d’heure proposant certes quelques solutions, mais surtout sur le message simple qu’il ne se veut pas donneur de leçon mais que la solution est en chacun de nous, et que nous y arriverons, mais "ensemble", qui est le dernier mot du film.
Le mot de la fin revient à Luc
Besson,
à qui l’on
doit le titre du film : "Yann avait d’abord pensé
à "Boomerang", qu’il a jugé finalement trop
négatif. Je lui ai proposé "Home", d’abord pour
la référence cinématographique
à E.T., et puis ensuite parce que la maison est le premier
univers de l’enfant, qui réalise ensuite que la Terre est sa
"Grande Maison". En plus de son évocation internationale,
comprise dans le monde entier, "home", la maison, est pour moi le
symbole
de l’écologie, qui est avant tout la science de l’habitat :
c’est donc un juste retour des choses. Enfin je dirais que la vraie
question posée par ce film, finalement, est "est-ce que vous
aimez vos enfants ?". Si la réponse est oui, alors faites ce
que vous avez à faire pour ne pas leur laisser un monde pour
lequel ils pourront vous reprocher de n’avoir rien fait pour le sauver,
alors que vous le saviez perdu. Le regard d’amour qu’ils vous portent
aujourd’hui sera alors un regard de lourds reproches..."
En savoir plus
:
- Le site du film HOME de Yann Arthus-Bertrand
- GoodPlanet.org, le site de Yann Arthus-Bertrand
- GoodPlanet conso, la partie consommation responsable de GoodPlanet.org
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