Roman d'anticipation - 514 pages
Editions Denoël - Janvier 2007
Jaume Roiq Stevens est cosmonaute et fait partie d'une équipe envoyée dans une station spatiale en orbite autour de notre planète bleue. Un incendie survient et l'équipe est rappelée sur la Terre. Mais lui refuse de rentrer, préférant rester seul dans cette station où il se sent à son aise. Après quelques mois de silence radio avec la base, il se résigne à redescendre sur Terre. Jamais il n'aurait pû imaginer ce qui l'attend sur le sol de Floride : des vêtements abandonnés sur le sol, un silence effrayant, aucun signe de vie humaine.... L'espèce a disparu, il en est le dernier survivant. Fou et désespéré, il entreprend un voyage sur les différents continents, à la recherche des traces des civilisations perdues, se protégeant des hordes d'animaux dévastateurs, se réinventant une vie...L'idée est excellente, la plume est intéressante, mais le style est déroutant. A plusieurs reprises il m'a fait abandonner la lecture. Mais chaque fois je reprenais ce livre, singulier, plus que tout curieuse de l'issue que Céline Minard réserve au dernier homme. Mais jamais je ne suis parvenue à m'approprier entièrement cette histoire et à suivre le(s) narrateur(s). Pour commencer, la première ligne est celle-ci : "drait à l'idée de personne de dire que l'interprétation de..." Un début de phrase tronqué.
Puis, très vite, une fois revenu sur Terre, quand il se sait dernier homme, Jaime Roiq Stevens s'invente des compagnons de voyage, des amis, des interlocuteurs à qui il parle à voix haute. La parole sauve l'homme de l'animalité. Mais les narrateurs mutliples rendent la lecture très confuse et il est difficile de ne pas perdre le fil.
Extrait :
"La vie était effectivement partout mais pas humaine. Il fit braquer l'oeil du satellite sur ce qu'il voulut. Les villes, les mégapoles, les anciens bouillons, les retraites. Les ermitages. Les forêts tropicales pleines de primitifs en étui pénien et cordes à seins. Les déserts. Tous vides. Grouillants d'une activité parfois débordante mais pas humaine. Rien moins qu'humaine. Les grands centres, les côtes américaines, les côtes australiennes, l'Europe, le Japon, les choses économiquement développées trépignaient d'infections mais pas d'humains. Il fouilla les gorges les plus profondes, les grottes cachées, les montagnes les plus hautes, la moindre cahute, il dut se rendre à l'évidence. La conclusion du rapport d'analyse qu'il demanda à l'ordinateur central fut, l'ultime conclusion, que le major Echampson était le dernier survivant repérable de la race Homo sapiens sapiens. Encore qu'on n'en ait pas d'image et qu'à proprement parler, on ne l'avait pas observé.D'abord intrigué, notre héros cherche à comprendre l'incroyable évènement, la "prune", qui est survenu et a englouti tous les Hommes. Dans les supermarchés déserts, il se protège des meutes de chiens affamés qui cassent et dévorent tout, il recherche sur les caméras de surveillance une vidéo qui témoignerait de l'instant T, il découvre des images incompréhensibles. Puis des idées étonnantes surviennent, il part survoler les continents en déplaçant les troupeaux de porcs, désir de domestication. Il parcourt les pays à la recherche des barrages hydrauliques avec la volonté d'anéantir ces travaux d'envergure et libérer l'eau sur la planète. Sa solitude le rend schizophrène et démiurge.
Elle s'assit dans sa tête et murmura c'est foutu. Nous sommes foutus. Vous auriez été une femme Stevens, vous auriez pu vous enfiler des éprouvettes de sperme dégelé dans l'utérus. Vous taper ensuite vos fils et vos petits fils comme on fait d'habitude dans ces cas-là et vivre une belle vie, tout reprendre. Mais il se trouve que non. C'est vous le survivant, je vous plains."
Un livre ardu, audacieux, aussi dense et long que Le papillon des étoiles était creux et court, qui mêle suspense et poésie, brutalité et rêverie, philosophie et histoire de l'humanité. On en reparle quand vous voulez.
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