Avec Nicolas Sarkozy tout doit être réformé, que ce soit le temps de travail, l'école, la fiscalité (des plus aisés), les retraites, la Sécurité sociale, ou encore depuis hier, les fonctions publiques. Tout doit aller très, voire trop vite, s'il on en croit les délais qu'il accorde à d'éventuelles négociations.
Dans cette volonté effrénée de tout changer en allant vite au nom du culte (dogme ???) de la rupture, il ne serait guère étonnant que ce soit au tour du gouvernement, vieux de déjà trois mois, d'être passé à la moulinette par le président de la République. Il faut dire que selon Hervé Morin, le chef de l'Etat envisage sérieusement et en bon chef d'entreprise, de se séparer des poids morts de son équipe gouvernementale. Il aurait ainsi confié au ministre de la Défense : "il y a un certain nombre d'entre vous qui exploseront en vol et nous serons probablement obligés de faire un remaniement" au mois de janvier prochain. D'un coup, certains ministres chauds partisans il y a encore peu de temps des thèses du Medef demandant plus liberté pour licencier doivent commencer à se dire qu'un minimum de protection dans son emploi ça pourrait être pas mal. Parce qu'ils sont en effet nombreux à pouvoir se sentir concernés tant les couacs ont été nombreux depuis leurs prises de fonctions. Sans compter que Nicolas Sarkozy, en dépit de l'accumulation de gaffes diplomatiques de Bernard Kouchner, ne cache pas son envie de "d'aller plus loin dans l'ouverture" (et comme, à commencer par Claude Allègre, ça se bouscule au portillon pour quémander un maroquin…).
Bien entendu, le porte-parole du gouvernement, Laurent Wauquiez, dément formellement en jurant ses grands dieux qu'"un remaniement annoncé quatre mois à l'avance est hautement hypothétique. Il n'y a pas de remaniement envisagé ou programmé". Que le benjamin de l'équipe Fillon se rassure, il n'est sans doute pas en tête de liste pour un éventuelle plan social gouvernemental, devancé notamment par exemple par Christine Lagarde qui n'était même pas invitée mardi à écouter le président de la République exposer des réformes qui pourtant concernent au premier chef son ministère…
Pendant ce temps, François Fillon se la joue détaché en affirmant être "à cent lieues de l'agitation de ceux qui prédisent une rentrée sociale explosive ou un remaniement". Certes, mais vu que dès qu'il dit quelque chose il est recadré par le président de la République, ou pire, par le secrétaire général de l'Elysée, voire humiliation suprême, par le porte parole de la présidence, peut-être que l'éventualité d'un remaniement n'est pas si éloignée que cela.