Titre original : Nuovomondo
Drame italien - 1h58
Sortie France : 21 Mars 2007
avec Charlotte Gainsbourg, Vincenzo Amato, Aurora Quattrochi, Filippo Pucillo...
Lion d'Argent - Festival de Venise 2006
1910. Dans une Sicile reculée, aussi pauvre qu'aride, un homme et son fils grimpent pendant des heures, une pierre à la bouche, jusqu'au sommet d'une montagne où se dresse la croix à laquelle ils viennent demander conseil, guetter un signe : doivent-ils ou non quitter leur terre pour les Etats-Unis, afin d'y trouver une vie moins difficile et plus prospère ? Pour cette grand-mère, ce père, deux garçons et deux jeunes filles, l'heure est aux adieux, ils sacrifient leurs bêtes pour s'acheter vêtements et chaussures, eux qui n'ont jamais mis pied en ville. La longue traversée sera souvent éporouvante, parfois humiliante. L'arrivée à Ellis Island ne sonnera pas l'heure de la délivrance. Ils devront affronter brusqueries, tests eugéniques et mariages arrangés pour pouvoir accoster sur la Terre Promise.Parce que ce film sait nous surprendre, il a beaucoup pour plaire. Le scenario est une chose, sa réalisation en est une autre, qui lui donne une dimension inattendue d'une grande originalité, et de toute beauté.Sans musique, l'écran s'éclaire sur des paysages époustouflants, des montagnes caillouteuses de Sicile où grimpent péniblement un homme et son fils, la bouche ensanglantée par la pierre qu'ils serrent chacun entre les dents. Aucune musique, mais de nombreux sons : sifflement du vent, souffles, glissements de pierres, froissements... Emanuele Crialese fait la part belle au contenu sonore.
Ce n'est que bien plus tard qu'apparaît Charlotte Gainsbourg, énigmatique et agréable dans un rôle qui n'est pas indispensable à notre histoire. L'intensité est ailleurs, pas dans l'intrigue romantique qui va naître, bien plus dans la fresque historique - illustrant également les dures réalités paysannes de l'époque - qui se joue d'une manière nouvelle.
Impossible de décrire la jubilation qu'Emanuele Crialese réussit à donner au spectateur, recherchant les plans les plus périlleux, en acrobate de la caméra, ou insufflant aux séquences une fantaisie audacieuse qui n'est jamais maladroite. Une malice, un humour et une poésie qu'on retrouve parfois dans les films d'Emir Kusturica. Une distinction de l'Europe du sud-est ?
Les images sont époustouflantes, d'une très grande qualité photographique, et les acteurs italiens sont impeccables. C'est du beau, du très beau cinéma. Et qu'on ne se fie pas à une affiche vieillotte (la version française, une fois encore), Golden Door est loin de l'être.
... Sinnerman ... Nina Simone... Fin du film. Déjà ! 2h, c'est finalement trop court. Grazie infinite signor Crialese.
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