Ce qui est le plus marquant dans ce livre, c'est l'évolution assumée du regard de l'auteur sur la fonction de député. La vision change de son passage au gouvernement à celui de Président du groupe UMP à l'Assemblée nationale. Jean-François COPE avoue sans détour qu'il a pensé un temps qu'être député n'était rien d'autre qu'un pis-aller.
En poste au gouvernement, le député n'avait pas à être autre chose qu'un godillot pour lui. Comme pour beaucoup, il admet avoir été un tenant du "hors du gouvernement, point de salut" tout en avouant une certaine admiration pour ces gens qui se font élire et non nommés. Bien qu'il ait été député avant son passage gouvernemental, il avoue son adoption tardive du parlementarisme.
Jean-François COPE détaille à plusieurs reprises ses différences de vues avec Nicolas SARKOZY, sans pour autant entrer en conflit avec l'omniprésident. Il revient sur les différentes étapes qui les ont progressivement conduit à la distance actuelle entre les deux hommes. Le maire de Meaux revendique sa liberté de ton tout en restant "réglo" avec le chef de l'Etat
Le président du groupe UMP "oppose" un hyper-député à un hyper-président. Pourquoi pas, encore faudrait-il que les députés en question se rappellent qu'ils sont élus du citoyen français et non simplement courroie de transmission de la majorité gouvernementale à laquelle ils appartiennent. A ce jour, hormis quelques petits mouvements de grognes, les députés rentrent assez rapidement dans le rang. Quoi qu'il en soit la vision qu'il donne du futur député est intéressante :
"Ce député du XXI° siècle doit être « capteur » auprès des citoyens, coproducteur des réformes et contrôleur de l'efficacité gouvernementale. Il doit avoir les pieds sur terre, enraciné dans un territoire, et le regard qui porte loin, prompt à anticiper l'avenir. Il doit être à l'écoute des battements de la France, en phase avec son temps, et capable de porter des valeurs, de faire partager une vision, un projet".
C'est si générique, comment ne pas être d'accord?
Sur certains points, je suis davantage en accord avec sa vision des choses qu'avec celle de François BAYROU. Sur la question de l'instauration de la proportionnelle à l'Assemblée Nationale, voire d'une dose de proportionnelle. Le décalage entre la légitimité des élus qui résulterait de leurs modes d'élections différents poserait un problème. Quant à la proportionnelle tout court et la main-mise des partis et le règne des apparatchiks, en dehors de l'instabilité politique, ce serait une aberration pour moi.
Dans un autre domaine, la solution qu'il propose de mettre en place pour aller progressivement vers la fusion des conseils Généraux et Régionaux me convient. En page 216, il suggère l'instauration de conseiller territoriaux élus sur la même base que les conseiller généraux, mais pouvant également siéger au conseil régional. Ce qui signifie assurer le maintien d'un type d'élection uninominale. A terme, c'est ce mode de désignation qui devrait être mis en place pour l'assemblée régionale unique selon moi.
Il décrit les détails du processus d'élaboration des lois et la problématique de l'obstruction parlementaire. Il ne cache pas que l'on ait usé de cette technique à gauche comme à droite. Il explique également son principe de la coproduction parlementaire.
L'ancien ministre du gouvernement Chirac aborde la question du cumul des mandats. Il estime qu'il est possible de bien accomplir une mission de député et de maire, que cela est même complémentaire
Au final, on se dit qu'il est heureux que l'auteur se soit engagé à abandonner la langue de bois dans un précédent opus. L'on pourrait se demander à quoi ressemblerait l'actuel s'il en était autrement. Peut-être bien à ce qu'il est mais laissons le bénéfice du doute.