François Mitterrand avait coutume de dire : « le protectionnisme, c’est la guerre ». Son engagement européen, né des conséquences dramatiques de la crise des années 1930, devait sans doute beaucoup à cette vision mêlant intimement paix et libre-échange. C’est d’ailleurs sur celle-ci que s’est construite l’Europe, depuis l’impulsion initiale de ses Pères fondateurs dans les années 1950 jusqu’à aujourd’hui.
Mais à l’heure où l’économie européenne traverse une crise d’ampleur inédite, l’ouverture des marchés fait davantage figure de risque (fermeture d’entreprises, délocalisation, chômage…) que de bienfait. Face à un tel danger, nombreux sont ceux qui appellent à plus de protection du marché et de l’emploi national si ce n’est européen. Au nom, notamment, du fait que dans le monde, les grandes économies (les Etats-Unis, la Chine, la Russie…) se protègeraient plus efficacement que l’Union européenne.
L’opposition entre libre-échange et protectionnisme ainsi formulée n’en reste pas moins simpliste. Ne serait-ce que parce qu’il y a à la fois un bon protectionnisme (celui qui protège l’emploi contre le dumping social ou environnemental) et un mauvais (celui qui fausse la concurrence pour sauvegarder des rentes). Débat simpliste encore parce qu’il convient de distinguer l’ouverture du marché entre les pays membres de l’Union qui est l’un des piliers de la construction européenne, et les relations avec les autres économies qui varient selon le type de marchandises, la période considérée ou les aléas politiques. Débat simpliste enfin parce que dans la pratique, les Etats comme l’Union sont constamment dans le mélange des genres.
–
Chronique publiée dans le quotidien Nice Matin le 24 mai 2009.
–
Posted in Europe, Politique