Or, il se trouve que jeudi soir, ma fille est partie dormir chez ma mère : et oui, à trois ans et demi, elle fait le pont; moi, à trente trois ans, je vais bosser. Cherchez l'erreur.
Je vous avoue que j'étais soulagée de voir ma fille partir dormir chez sa mamie. Elle était surexcitée. Du moment où sa mamie avait mis un pied dans la maison, ma fille s'est transformé en kangourou. Et que je saute à droite, et que je saute à gauche... Et que je n'arrête pas de parler, de chanter, de marcher, de courir, de sauter sur un pied, de mettre la tête à l'envers... En dix minutes, MiniBri m'a épuisée (et ma mère se décomposait !). Intérieurement, je fantasmais déjà sur ma soirée. Et quand ma fille est partie, après l'énorme câlin de rigueur, j'ai eu un petit pincement au coeur... que la perspective d'une soirée pour moi seule a vite effacée.
J'aurais pu m'organiser pour sortir. Certes. Sachant que la moitié de mon entourage était partie pour ce long week-end de quatre jours et que l'autre moitié bossait, comme moi, le lendemain, cela posait forcément problème. Donc, ce n'est pas ce soir-là que j'aurais pu aller au Macumba Night danser la Macarena et faire frétiller mon string... Comme c'est regrettable... ou pas...
Du coup, MissB et moi avions projeté d'aller voir "Je l'aimais" au cinéma. Moi qui avais tant aimé le livre, je meurs d'envie de voir ce qu'il donne sur grand écran. J'ai eu ma lueur d'intelligence mensuelle en pensant à aller consulter les horaires : oh, pas de chance, ils ne le diffusent que l'après-midi, dans le cinéma le plus proche. (Qui a dit que j'avais la loose ?)... MissB a une crise de sinusite, en plus... Bon, ok, chacun chez soi...
Mais là, si j'avais eu un soupçon de logique, je me serais dit : "Qu'à cela ne tienne, MC, fais-toi couler un bain avec des huiles essentielles. Mets-toi de la musique que tu aimes. Allume des bougies dans ta salle de bains. Et profite de ce moment de détente, de calme... Inspire... Expire...".
A la place, j'ai joué à la prof qui n'a que son boulot dans sa vie et... j'ai corrigé des copies en buvant une tisane. Ah, là, la glamour attitude en prend un coup, hein... Non, mais sérieusement : pour un soir où j'étais libre comme l'air, la seule chose exaltante que je trouve à faire, c'est de corriger mes copies. Je suis pitoyable. Je me mettrais des coups de stylos rouge quand je réagis comme ça ! L'Education Nationale est en train d'avoir ma peau... A ce rythme-là, je vais passer mes mois de Juillet et Août à préparer mon année scolaire 2009-2010... Aaaaaargh.... Appelez un exorciste, vite !
Je dois être possédée... et c'est peut-être pour ça que pendant que je corrigeais mes copies, je me suis soudainement arrêtée, croyant entendre ma fille qui m'appelait... Jeanne d'Arc, sors de ce corps, les anglais ne sont pas là !... et MiniBri est chez sa mamie !
C'est peut-être ce qui explique, aussi, qu'au moment du coucher, je me suis retrouvée bien désemparée : d'habitude, je passe dans la chambre de MiniBri pour lui faire un dernier bisou et recevoir mon dernier élan de tendresse du jour. Là, il n'y avait que ses peluches, dans son lit...
C'est sûrement la raison pour laquelle je suis partie travailler, vendredi matin, avec un sentiment étrange : certes, j'avais dormi une heure de plus, mais je n'ai pas eu les gros câlins de ma fille pour bien commencer la journée et me donner la force de tenir jusqu'au soir... Par contre, quel bonheur de ne pas partir le matin avec l'oeil sur la montre our calculer son timing : réveiller MiniBri, l'habiller, la coiffer, prendre ses affaires et les miennes, déposer MiniBri chez ma mère ou à la garderie, repartir, autoroute, collège... Là, tout a été fait dans le calme le plus complet... mais avec un gros manque de bisou...
Je crois que je suis possédée par un truc qu'on appelle l'amour maternel....