Le temps des tribulations en Mandchourie, Chine du nord, Mongolie ou Hokkaido est fini. Morihei Ueshiba va maintenant se consacrer uniquement à sa recherche et au développement
de son art. Mais les temps difficiles ne sont pas finis pour autant et la guerre frappe durement le Japon. C'est dans cette période, dans le calme de sa retraire d'Iwama, que Ueshiba va modifier
ses techniques et créer ce qui sera l'Aïkido ou la Voie de l'unification des énergies. Voici la seconde partie de la vie de O Senseï.
L'installation à Tokyo
Dans les premières années qui suivent son installation à Tokyo, Ueshiba enseigne dans les
résidences privées de ses protecteurs. Et après trois années de logement temporaire, il s'installe dans le Wakamatsu-Cho (quartier de Tokyo), et débute la construction d'un nouveau dojo. En 1930
qu'il reçoit la visite de Maître Jigoro Kanp, le fondateur du Judo Kodokan.
Kano Senseï est un homme très important à cette époque. Conseiller du ministre de l'éducation nationale, ambassadeur sportif dans le monde entier avec déjà quatre voyages en Europe et aux USA (il
en fera 7 au total), il est surtout l'homme qui cherche inlassablement à remettre les budo au goût du jour. Après avoir aidé Gishin Funakoshi à lancer son Karate Shotokan, avoir aidé de très
nombreux maîtres dans tous le Japon et à Okinawa, le voici chez Morihei Ueshiba. Bien que déjà âgé et ayant vu beaucoup de choses, Kano est très impressionné par le travail de Ueshiba. Lors de la
première démonstration qu'il voit il dit « c'est le Budo idéal - le véritable Judo ». Il félicite Ueshiba et lui confie deux de ses élèves : Jiro Takeda et Minoru
Mochizuki pour apprendre l'Aïki-budo. Durant la même année et à la demande du major général Makoto Miura (un de ses élèves), Morihei devient instructeur à l'Académie Militaire de Toyama. L'Amiral
Takeshita, qui est lui-même féru d'arts martiaux, est un partisan de Morihei Ueshiba particulièrement actif. Il avait étudié le Daito-ryu pendant plus de dix ans, ce qui leur donne une base
commune et leur permet de bien s'entendre, et donnait des cours dans sa propre demeure. Depuis sa rencontre avec Ueshiba, il se donne beaucoup de mal pour le faire connaître. Il est indéniable
que le fondateur de l'Aïkido n'a pu connaître un tel succès à Tokyo sans l'appui de l'Amiral Takeshita.
(Ouverture du Kôbukan en avril 1931)
En avril 1931, grâce aux efforts de l'Amiral Takeshita et d'autres personnes, une collecte
de fonds permet l'ouverture d'un centre d'entraînement à plein temps, le dojo du Kôbukan. Il se trouve dans le quartier de Shinjuku,
un quartier commercial et animé de Tokyo, à l'endroit même où est installé aujourd'hui le siège de l'Aïkikaï. Pendant les dix premières années, l'Aiki-budo connait sa première période faste.
C'est pendant cette période que le Kôbukan est surnommé « le dojo de l'enfer » en raison de l'intensité de ses entraînements.
Morihei a beaucoup de travail à cette époque. Il enseigne au Kôbukan mais également dans d'autres dojos de Tokyo
et d'Osaka, dans les postes de policed'Osaka et dans certaines grandes entreprises. Au cours de cette période, Morihei conserve des liens étroits avec Onisaburo et la religion
Ômotô-kyo.
(Visite des membres de
l'Omoto-kyo au Kôbukan, en
1931)
D'ailleurs, "la Société pour la promotion des arts martiaux", créée dans le but de
promouvoir l'action de Ueshiba dans les arts martiaux, s'est faite sous les auspices de l'Ômotô-kyo et à l'instigation de Onisaburo. Des antennes de cette « Société » s'établissent dans
tout le Japon et des stages d'entraînement sont organisés en parallèle avec les réunions locales de l'Ômotô-kyo. Ce type d'organisation prévaut de 1931 à la fin de 1935, date à laquelle
l'Ômotô-kyo est brusquement interdite par le gouvernement militaire japonais.
Vers le milieu des années 30, Morihei était devenu célèbre, il était connu dans tout le pays comme un des plus grands maîtres d'arts martiaux. A cette
époque il est engagé pour enseigner les arts martiaux dans différentes académies militaires comme l'école d'espions de Nakano, ou encore l'école navale. Il pratique intensément le Kendo, et de
nombreux kendoka fréquentent le Kôbukan, comme Kiyoshi Nakakura qui deviendra son gendre en 1932 (photo de gauche, en démonstration avec
Ueshiba).
En Septembre 1939 il est invité en Mandchourie pour faire une démonstration publique. Il
fit son dernier voyage en Mandchourie en 1942, pour le dixième anniversaire de la création du Mandchoukouo. Ce jour là, il effectua sa démonstration en la présence de l'Empereur Pu'Yi, le dernier
empereur de Chine, à la tête d'un état fantoche à la solde des japonais.
La vie au Kôbukan
Le dojo de Morihei Ueshiba à Tokyo est très vite devenu le lieu où tous les budoka et aspirants au véritable Budo voulaient être. Devant cette affluence,
Ueshiba devint très sélectif. L'entretien est sommaire, mais il faut être profondément sincère dans sa démarche, sans quoi l'aspirant était éconduit sans un mot d'explication. Ueshiba demande
également à ce qu'on l'attaque avec cœur, et l'aspirant se retrouve à voler dans les airs où à être immobilisé au sol sans comprendre ce qui c'était passé. Et cela valait pour tout le monde, quel
que soit son expérience antérieure. Le général Miura (photo de droite, à la fin de sa vie), spécialiste des arts martiaux, en fut pour ses frais
lorsqu'il tenta d'attaquer Ueshiba, ou de le faire attaquer simultanément par une dizaine de cadets de son école militaire. Il devint aussitôt son disciple. Les frais d'inscription ne sont pas
définis, mais chacun essaye de dédommager en argent, en nourriture, en aide ou en travail, ce maître hors norme.
L'entraînement débute tous les matins par un cours de 6h à 7h, puis de 9h à 10h. L'après
midi, les cours sont de 2h à 4h et de 7h à 8h. Il est intéressant de noter que les cours sont toujours d'une heure, ce qui peut paraître bien court aujourd'hui où nous sommes habitués à enchaîner
de deux à quatre heures par cours. Mais il faut se souvenir que les cours ont lieu tous les jours de l'année, sans exception. De plus l'entraînement ne s'arrête jamais vraiment. Un élève surpris
en train de somnoler, de passer trop de temps au téléphone, de tourner dans un couloir sans être sur ses gardes, se fait aussitôt vertement réprimander par Ueshiba. Pour les aider à prendre
conscience de cet état de vigilance perpétuel (zanshin), il conseille constamment ses élèves. « Ne dormez qu'au rez-de-chaussé pour éviter les escaliers dans le noir ». « Ne dormez
jamais sous un objet lourd pour ne pas être écrasé en cas de tremblement de terre ».
Un jour, de retour d'une tournée en Europe, l'instructeur en chef du Kôbukan arbore un
blouson en cuir, objet de luxe introuvable au Japon. Après l'entraînement, il constate qu'on lui a volé son blouson. Fou de rage, il convoque tous les élèves et se met à leur crier dessus,
demandant au coupable de se dénoncer. Ueshiba passant par là demande ce qu'il se passe. Après les explications il se met à crier sur l'instructeur en chef « C'est de votre
faute ! » et il s'en va. Un peu plus tard, il explique à un jeune élève la chose suivante : « Un budoka ne doit jamais s'attacher aux apparences ni aux biens matériels. Cette
attitude créé des ouvertures que d'aucuns peuvent exploiter. L'instructeur en chef a laissé son besoin de possession prendre le meilleur sur lui et il a perdu toute présence
d'esprit ».
Le soir les uchideshi nettoient le dojo, les vestiaires, le
jardin et masse les épaules et le dos de Ueshiba. Il les encourage d'ailleurs à étudier le Shiatsu (massage par accupression) ainsi que les arts de la médecine traditionnelle. Pendant qu'il se
fait masser, il aime à écouter les récits des guerriers anciens et parfois il se lève pour mimer une scène de bataille ou une technique particulière sous les yeux incrédules de ses élèves qui se
demandent bien comment il peut connaître tout cela. Il faut dire que sa recherche est permanente, qu'il invente perpétuellement de nouveaux mouvements. Si dans son sommeil il rêve d'une
technique, il se réveille aussitôt, appelle un élève à n'importe quelle heure de la nuit et expérimente aussitôt sa technique.
Retraite à Iwama
En 1940 le Kôbukan est reconnu par le Ministère de la santé. Le premier président est
l'amiral Takeshita, en reconnaissance pour son dévouement à la cause de l'Aïki-budo. Mais le 7 décembre 1941, le Japon attaque les USA à Pearl Harbour. C'est le début de la seconde guerre
mondiale pour le Japon et pour les États-Unis. Il faut savoir qu'en 1937 le Japon avait déjà attaqué la Chine. Déjà Ueshiba s'était affligé du comportement indigne des soldats. Pourtant l'armée
japonaise avait été nommée en exemple pour sa bonne conduite par la Croix Rouge Internationale lors du conflit contre la Russie. Mais cette fois, c'était le carnage, la terreur, le massacre de
Nankin.
(Scène du massacre de Nankin)
Avec la guerre du pacifique, les élèves partent au front les uns après les autres. Le
Kôbukan devient chaque jour un peu plus désert. Ueshiba est pleinement conscient de la contradiction entre le Budo et la guerre. Il dit à ses élèves qui doivent partir au front :
« Même pendant la guerre, il faut éviter autant que possible de prendre la vie à un autre être humain. Tuer demeure à jamais un péché. Donnez à votre adversaire toutes les chances de
faire la paix ». Un jour il se confie à son fils Kisshomaru : « L'armée est dirigée par une bande de fous imprudents, ignorant la diplomatie et les idées religieuses, qui
massacrent sans discernement les citoyens innocents et détruisent tout sur leur passage. Ils agissent en contradiction totale avec la volonté des dieux et leur fin sera sans nul doute lamentable.
Le vrai budo nourrit la vie et favorise la paix, l'amour, le respect ; il n'appelle pas à passer le monde par les armes ». Son plus grand désespoir d'alors est d'avoir instruit un
grand nombre de militaires qui ne cherchaient que les applications destructrices de ses techniques.
En 1942, Morihei tombe malade à la suite d'une grave affection
intestinale, dont l'origine est sans doute son affliction devant le carnage. Il décide de se retirer à Iwama, un village situé dans la préfecture d'Ibaraki, pour y recouvrer sa santé. Quelques
années auparavant, il avait acheté des terres dans ce village. Pour ne pas être un poids pour le Kôbukan,
il démissionne de ses charges officielles et confie l'organisation à son fils Kisshomaru. Une fois installé à Iwama il commence la construction d'un ensemble comprenant l'autel de l'Aiki
(Aiki-jinja) et un dojo extérieur. L'ensemble sera achevé en 1945 juste avant la fin de la guerre. Il planifie lui-même les plans de cet ensemble, selon les principes du Kotodama qu'il a appris
sous la direction de Onisaburo Deguchi. Loin de l'agitation de la capitale et de la guerre, il s'investi dans l'agriculture, l'entraînement et la méditation. C'est à cette époque troublée que le
fondateur décide de renommer son art en « Aïkido ». Ces années passées à Iwama sont décisives pour le développement de l'Aïkido moderne. Libre comme jamais auparavant de
continuer son étude du Budo avec toute la concentration requise, Morihei se plonge dans l'entraînement intensif et dans la prière afin de pouvoir perfectionner encore son art martial. Son but est
de trouver une méthode de résolution pacifique aux conflits. Il profite aussi de cette période pour approfondir son étude du sabre et du bâton qu'il appelle respectivement Aïki-ken et Aïki-jo. Il
défini également le concept de « Takemusu Aiki », qui correspond à l'exécution spontanée d'une infinité de techniques adaptées à la situation du moment. Après le Daïto-ryu, l'Aïki-budo,
l'Aïkido vient de naître entre les mains de ce chercheur infatigable.
(l'Aiki-jinja à Iwama)
La fin de la guerre
La guerre prend fin avec la défaite du Japon et la reddition de l'empereur. Le 7 septembre 1945, les actes de capitulation sont signés en baie de Tokyo, sur
le pont avant du navire USS Missouri (photo ci-contre). Mais les japonais sont sous le choc de la défaite et surtout des deux bombardements
atomiques. La pauvreté est telle que les habitants consacrent la majeure partie de leur temps à chercher de la nourriture pour survivre. Le gouvernement d'occupation militaire américain contrôle
tout le pays et a prohibé la pratique de tous les arts martiaux et le Kôbukan est fermé. De son côté, Ueshiba continue à
s'entraîner dans son dojo d'Iwama. Peu de ses anciens élèves sont présents à Iwama, même si Koichi Tohei et surtout Tadashi Abe sont restés auprès de lui durant cette période difficile. Ses
disciples d'avant-guerre se sont presque tous retrouvés dispersés dans tout le sud-est asiatique, dans le pacifique et nombre d'entre eux ne sont pas encore été rapatriés, quand ils n'ont pas été
tués. C'est à l'été 1946, que Morihiro Saito débute l'étude de l'Aïkido à Iwama. Il deviendra par la suite le gardien du temple et du dojo d'Iwama.
Koichi Tohei
Tadashi Abe
Morihei Ueshiba et Morihiro Saito
Evidemment les arts martiaux connaissent une période de déclin, en raison de l'interdiction
de l'occupant américain. Mais le fondateur ne s'en préoccupe pas. Il reste confiant en l'avenir de sa discipline.
En février 1948 le ministère de l'éducation autorisa le rétablissement du Kôbukan, qui
avait miraculeusement échappé aux bombardements américains.
La création de l'Aïkikaï
Au début des années cinquante, Morihei Ueshiba quitte plus souvent sa maison de campagne d'Iwama pour Tokyo. Il est régulièrement sollicité pour enseigner,
faire des démonstrations ou bien des conférences sur son art. En 1954, le dojo de Tokyo prend le titre officiel de « Fondation Aïkikaï » : le Hombu Dojo de l'Aïkido
(photo de gauche, le kamiza du Hombu Dojo). En septembre 1956 l'Aïkikaï effectue à Tokyo sa première démonstration en public depuis la fin de la
guerre. Elle dure cinq jours et a un énorme retentissement auprès des dignitaires étrangers et dans le milieu du Budo. En effet, l'Aïkido est le premier art martial à avoir eu l'autorisation
d'être à nouveau enseigné au Japon et à faire une démonstration publique. C'est ainsi que l'Aïkido s'installe sensiblement dans les consciences. A partir de ce moment l'Aïkido se développe un peu
partout dans le monde et entre dans un nouvel âge d'or. Ce fut l'époque de Shoji Nishio, Seiseki Abe, Noboyushi Tamura, Masando Sasaki, Yasuo Kobayashi, Reishin Kawai, Masamichi Noro, Mitsugi
Saotome, Yoshimitsu Yamada, Kazuo Chiba, Seichi Sugano...Beaucoup de ces élèves commencent l'entraînement après la guerre. Ils ont l'occasion de voir le fondateur enseigner ou faire des
démonstrations. Ils sont enthousiasmés par l'énergie et la beauté des mouvements de celui qu'ils appellent désormais O Senseï (grand maître), tout comme par son sens éthique des arts martiaux. Il
faut dire que la genèse de l'Aïkido s'est faite pendant sa retraite à Iwama et
que les techniques que Ueshiba montre sont nouvelles par rapport à ce qu'il enseignait auparavant. Cela n'ira d'ailleurs pas sans heurt, et certains de ses anciens élèves
comme Minoru Mochizuki préfèrent prendre leurs distances et crééer
leur structrure, ou encore Tadashi Abe qui jette ses grades devant
Kisshomaru (photo de droite) et démissionne avec des mots assez durs envers l'Aïkido. « Je n'enseigne pas un art martial pour les
femmes » déclare Tadashi Abe avant de claquer la porte de l'Aïkikaï. Mais c'est indubitablement un nouvel âge d'or qui débute pour l'art martial de Ueshiba, qui ne connaît toujours pas
de déclin à ce jour.
Les dernières années du fondateur
En vieillissant Ushiba se retire peu à peu de l'Aïkikaï. Il continue certes à faire des démonstrations mais préfère de plus en plus le calme de la
campagne à Iwama où il poursuit son étude des armes notamment, en compagnie de son élève Saito. En janvier 1960 la télévision réalise un film sur le fondateur intitulé « Le maître de
l'Aïkido ». La même année il est honoré du Shi-ju hôshô par l'empereur Hirohito, fait exceptionnel et très rare dans le monde des arts martiaux. En effet, cette médaille au ruban pourpre est
uniquement décernée à ceux qui contribuent au développement des sciences et des arts. C'est la consécration d'une vie de travail et de recherche pour Ueshiba. (photo, Ueshiba pousse un kiai face à un arbre à Iwama)
Le 7 août 1962, un grand festival est organisé au temple Aïki d'Iwama pour célébrer les 60
ans de pratique de Ueshiba Senseï. En 1964 il reçoit pour la seconde fois une distinction spéciale des mains de l'empereur Hirohito pour sa contribution exceptionnelle aux arts
martiaux.
Dans ses dernières années, lorsque sa santé commence à se
dégrader, Ueshiba passe la plus grande partie de son temps à Tokyo. Incapable de se mouvoir aussi rapidement et librement que lorsqu'il était plus jeune, le fondateur adapte à nouveau sa
pratique. De nombreuses techniques se raccourcissent, les déplacements et les gestes se font plus intérieurs. Il projette fréquemment ses jeunes et puissants élèves d'un geste rapide ou d'un
petit mouvement de main, parfois même sans les toucher. (photo, Morihei et son petit-fils Moriteru, l'actuel Doshu)
En 1968 le fondateur fait encore deux démonstrations pour célébrer l'ouverture du nouveau
Hombu dojo. Ce sont ses dernières démonstrations publiques au service de l'Aïkido. Un jour de mars, Ueshiba a une attaque. Conscient que sa fin est proche, il se lève tôt et donne son dernier
cours. Envoyé à l'hôpital on lui diagnostique un cancer du foie. Il refuse de se faire opérer et demande à ce qu'on le ramène chez lui. Peu avant de mourir, voulant aller aux toilettes, quatre
disciples se précipitent sur lui pour l'aider. Il les fait voler dans les airs. Une autre fois, il disparait et tous les disciples le cherchent pour le retrouver dans le dojo à expliquer à des
enfants « il faut faire comme ça ! il faut faire comme ça ». Après une vie de labeur, d'études, d'aventures, de rencontres, de ténacité, de douleurs et de joies, Morihei Ueshiba
décède le 26 avril 1969 à l'âge de 86 ans, le sourire aux lèvres en entendant les bruits de l'entraînement provenant du dojo tout proche. Sa femme Hatsu meurt à son tour deux mois plus
tard.
(Ueshiba ou l'idéal du Budo)
Ses cendres sont enterrées dans le temple de la famille Ueshiba à Tanabe. Les mèches de ses
cheveux sont conservées comme reliques sur l'autel Aïki à Iwama, au cimetière familial d'Ayabe et au grand autel Kumano.
L'héritage de Morihei Ueshiba
Si l'histoire du Japon connait un grand nombre de budokas extraordinaires, Morihei Ueshiba est sans doute le dernier à mériter ce qualificatif. Tous ceux qui
ont pu croiser sa route, quelle que soit leur discipline ou leur nationalité, sont restés profondément marqués par les qualités humaines et martiales, par les incroyables capacités et la
puissance de ce maître. Sa personnalité et son enseignement étaient si prégnants chez ses élèves, et ce à toutes les époques, que l'Aïkido revêt aujourd'hui de multiples visages et courants de
pratiques. Certains enseignent un style proche de l'Aïki-budo, d'autres de l'Aïkido d'après- guerre. Certains insistent sur le côté mystique et énergétique, d'autres sur la technique. Certains
prônent la pratique montrée au Hombu Dojo, d'autres celle qu'il développait à Iwama. Qu'importe. L'Aïkido est tout cela à la fois. Enseigné aujourd'hui dans presque 140 pays et sur tous les
continents, il ne cesse de conquérir les cœurs et les esprits des hommes et des femmes, de se développer et d'évoluer continuellement. La déclaration de Tanabe de 2008 lors du dernier
anniversaire de la mort du fondateur est on ne peut plus claire à ce sujet. La Fédération Internationale d'Aïkido, réunie à ce moment-là, reconnaît l'unicité d'esprit de l'Aïkido autour de la
pensée de O Senseï Morihei Ueshiba et la diversité des techniques. C'est cette souplesse qui fait que l'Aïkido continue encore et toujours à montrer une voie pacifique pour tous au sein de la
grande famille des arts martiaux. Les dernières paroles de Ueshiba avant de mourir furent « l'Aïkido appartient au monde entier ».