Il fallait bien que ça arrive à un moment ou à un autre : j'ai raté un film de la compétition officielle. C'était prévisible, le film de Gaspard Noé, Soudain le vide (Enter the void), n'était programmé qu'une seule fois et dans ces cas-là, il est toujours compliqué de trouver des invitations. Tant pis, je retenterai ma chance lors d'éventuelles séances de rattrapage le dernier jour...
Il fallait bien que ça
arrive à un moment ou à un autre (bis) : j'ai enfin eu un
coup de coeur, un vrai de vrai, pour un de ces films qui s'imposent
comme une évidence, qui sortent d'un lot de films pourtant de
haute tenue.
The time that remains
d'Elia Suleiman est un chef-d'oeuvre.
Le cinéaste palestinien revisite
cinquante ans d'histoire de sa patrie à travers une
chronique autobiographique en quatre actes.
Il s'appuie sur les carnets de son
père, qui a longtemps lutté contre l'occupation
israélienne, sur la correspondance entretenue avec sa mère
au cours de toutes ces années, et sur ses propres souvenirs
pour parler de la difficulté de vivre dans un pays en conflit
permanent, mais aussi et surtout pour parler de choses essentielles,
autour des thèmes de la séparation et de la déchirure.
Séparation des territoires,
clivage des modes de pensées, barrière d'intolérance
entre les peuples, séparation par l'exil ou par la mort...
C'est un film à la fois drôle,
sensible et funèbre sur le temps qui passe, nd le droit à l'indépendance
de son pays sans pour autant afficher de haine contre le peuple
israélien, et qui fustige assez intelligemment l'impérialisme
américain.
Intervention divine
aurait mérité plus que le prix du jury lorsqu'il a été
présenté à Cannes il y a sept ans. Cette fois,
il pourrait bien figurer en bonne place au palmarès. Ce serait
amplement mérité, car pour l'instant, il s'agit tout
simplement du meilleur film que j'ai vu cette année, à
Cannes et ailleurs...
Hors compétition, L'imaginarium
du Dr Parnassus n'a pas franchement soulevé
l'enthousiasme. Fort de son casting prestigieux (Heath Ledger, Johnny
Depp, Colin Farrell et Jude Law se partagent le même rôle...)
et d'effets visuels réussis mis au service de l'imagination
débordante de Terry Gilliam, le film est plutôt agréable
à suivre, mais il manque cruellement d'intensité
narrative et pèche par le manque d'épaisseur de ses
personnages, du coup peu attachants.
C'était aussi la clôture
des sections parallèles. La
semaine de la critique a primé Adieu Gary,
le premier film de Nassim Amaouche, et Lost persons area
a déroché le prix SACD. Whisper in the wind,
lui, a décroché les prix OFAJ/TV5 Monde et le prix
Regards Jeunes.
La Quinzaine des réalisateurs,
de son côté, a fait un triomphe à J'ai tué
ma mère du canadien Xavier Dolan, qui a remporté
trois prix (prix Art award inéma, prix de la SACD, prix
Regards Jeunes). Le prix Europa est quant à lui revenu à
La Pivellina. Et le prix du court-métrage a été
attribué à Montparnasse, un recueil de
trois histoires courtes ayant pour cadre les alentours de la tour
Montparnasse, le temps d'une nuit, et montrant des personnages à
la dérive. Un moyen-métrage réussi qui donne
envie de suivre le parcours futur du cinéaste, Mikhaël
Hers.
La manifestation s'est bouclée
avec la projection d'Ajami, un thriller israélien
assez réussi, fort d'une narration façon puzzle et d'un
réalisme dans l'esprit du Gomorrade Matteo Garrone.
J'ai aussi rattrapé Daniel
et Ana, un film mexicain assez curieux, tiré d'un fait
divers réel et qui tente d'alerter l'opinion sur des pratiques
peu connues, qui consistent à kidnapper des gens, les forcer à
avoir des relations sexuelles devant une caméra, et diffuser
les films tournés sur des réseaux pornographiques
clandestins... Ca fait froid dans le dos...
Mais pas le temps de frissonner. il
reste encore une bonne journée de projections demain, avec
encore, on l'espère, de bonne surprises...