J’entame aujourd’hui une série de chroniques consacrées à un musicien dont je suis et admire le travail depuis quelques années déjà : Sylvain Chauveau.
Compositeur et pianiste, ce dernier a sorti cette année un nouvel opus, Touching down lightly, CD d’une seule et unique plage dont j’aurai évidemment l’occasion de vous reparler ici-même.
L’actualité de cet homme ne saurait expliquer à elle seule la raison de mon hommage. Sylvain Chauveau me semble être un chercheur de l’ombre qui, loin du rouleau compresseur de la communication moderne et de la pauvreté de son message, privilégie une approche plus réflexive, plus artisanale. Le résultat est d’une rare beauté.
Tout cela m’a conduit à solliciter une interview, ce que Sylvain Chauveau a accepté. A l’heure où je commence ce travail, je ne sais pas du tout quelle sera la teneur de cet entretien, ni si mon interlocuteur empruntera quelques chemins de traverse. Il y a fort à parier que ce sera le cas, ce musicien manifestant un goût particulier pour plusieurs formes d’art, l’écriture n’étant pas la dernière, semble-t-il, à trouver grâce à ses yeux.
J’ai décidé de commencer cet hommage par ce disque, sorti en 2004. Il s’agit de la bande originale d’un film de Thomas de Thier.
Curieux, vous direz-vous peut-être, de mettre d’emblée l'accent sur la bande-son d’un long métrage. Certes, mais il y a une raison. Je fais partie des gens qui, d’ordinaire, pensent que les B.O.F ne s’adressent qu’à des gens ayant vu ledit film. Comme pour revivre l’émotion ressentie dans la salle de cinéma.
Cet opus me semble fonctionner de façon autonome. Bien sûr, vous pourrez me rétorquer qu’il y a plusieurs variations d’un même morceau (« Plumes dans la tête », « Pour les oiseaux »). Mais Sylvain Chauveau pratique volontiers la musique répétitive. Faut-il pour autant le ranger dans la catégorie des Reich, Glass, Adams ? Je doute que cet artiste apprécie être catégorisé. Il faudra lui poser la question.
Le piano seul alterne avec d’autres instruments à corde : violon, violoncelle, alto. Sylvain Chauveau me donne l’impression de concentrer son émotion dans un minimum de notes, comme s’il fallait aller à l’essentiel, loin de tout bavardage inutile. Le résultat est une musique très « impressionniste ». Si je mets ici des guillemets c’est parce que la juxtaposition des deux termes évoque une période bien précise de la musique française avec ses porte-drapeaux dont je ne sais pas, là non plus, s’ils sont des figures importantes aux yeux de l’artiste.
Des plumes dans la tête offre une musique très épurée, très simple et qui parle immédiatement au cœur. Les variations permettent de retrouver de rares moments, fugaces. Il faut profiter de l’éphémère, du passager. C’est comme Sylvain Chauveau exigeait une attention maximale de la part de son auditeur. Attention, ça ne va pas durer. Si vous ratez l’occasion, tant pis.
Dernière remarque : le choix des titres. Si la musique de Sylvain Chauveau est une perle de simplicité qui remue l’âme dès les premières notes, les noms des morceaux sont à l’avenant. Citons « Situation initiale », « Le brasier de tristesse », « Nocturne urbain ». J’aurai l’occasion de reparler de ce choix sémantique qui n’est pas sans évoquer les plus beaux des haïkus, ces très courts poèmes japonais.