Présentation de l'éditeur : Née à Saint-Pétersbourg, l'ambitieuse et sensuelle
Tania fuit au Japon la révolution d'Octobre. Alors que son monde s'écroule, elle décide de séduire et d'épouser le fiancé de sa sœur. Ensemble, ils s'installent à Paris où la jeune femme
s'imagine enfin accéder au bonheur. Mais, très vite veuve, elle passe de protecteurs en protecteurs et sombre peu à peu dans la misère et la folie.
Voilà un roman russe, une nouvelle fois, dont je me souviendrai
pour avoir été imprégnée de son ambiance sombre et déroutante. Tania, l'héroïne déchue de ce court roman, ne réussit qu'une seule chose : c'est de vivre ce qu'elle voulait elle-même infliger à
celui qui aurait pu être son premier, son dernier, son véritable bonheur. C'est en quelques pages la synthèse d'une noirceur absurde, dramatique, et ici, presque tragique. On se souviendra
de Tania comme d'une femme qui ne connait qu'une seule priorité : son plaisir. Tout le reste, et donc la vie-même, est une entité qui appelle éternellement une question demeurant sans réponse :
pourquoi tout cela, pourquoi vivre, pourquoi continuer ?
Si Tania était à rapprocher des personnages de Sagan, qui volent eux aussi de protecteurs en protecteurs, ce serait sans le bonheur et le plaisir. Tania, c'est la femme libre poursuivie par
l'angoisse du lendemain. Et c'est aussi la femme pour qui, lorsqu'elle s'en libère, tout devient possible.
Mais c'est aussi une femme libre par nécessité : car après quoi courir, sinon la liberté, lorsqu'on doit fuir sa patrie, s'exiler ? La liberté ne devient-elle pas le but de tous les voyages après
l'exil ?
C'est un très beau texte qu'il faut sans doute relire une seconde fois pour s'imprégner tout à fait de ses subtilités. On retient toutefois, dès la première lecture, une noirceur, une cruauté, un
sentiment d'angoisse dont il n'est pas facile de se séparer pendant plusieurs jours.